Prochainement
Création Procédé Zèbre 2023
Fabrice Dubusset : direction artistique
Cyril Meysson : musicien, direction musicale
Aurélie Raidron : chanteuse Lyrique, intervenante voix et chant, autrice et photographe
Etienne Russias : intervenant écriture, voix et slam
Du laboratoire au travail de création
« A travers un échange arverno-guyanais et la mise en place d’un laboratoire de création avec les acteurs de la Ligne de flottaison de l’hôpital Sainte Marie de Clermont Ferrand, nous voulons donner la dynamique de la prochaine création de la compagnie, un projet qui réunira à l’issue du laboratoire des artistes professionnels et amateurs. A partir d’un travail musical autour de l’œuvre de Tom Waits et W.S. Burroughs « The Blackrider », nous proposons de ré-adapter ce conte de la forêt noire à une écriture contemporaine, avec les écrits des différents acteurs, des acteurs « différents ». Nous proposons une forme musicale chantée, jouée, dansée. Notre volonté artistique est de travailler et de nourrir une création sur la thématique du diable et de ses représentations possibles dans l’imaginaire du spectateur, de nourrir un univers par la force de jeu d’un chœur résolument actuel. »
– Fabrice Dubusset
Les Origines
Thomas de Quincey (1785-1859) a écrit la nouvelle The Black Rider en s’inspirant d’un conte célèbre du folklore allemand, Der Freischütz, qui a aussi inspiré Weber pour son opéra bien connu et Hoffmann pour un de ses contes. De Quincey, ami de Coleridge et de Wordsworth, aura une influence considérable aussi bien sur Poe, Baudelaire que Gogol. Il est surtout connu pour ses Confessions d’un mangeur d’opium. Essayiste, journaliste, traducteur de l’allemand, il a, par son génie singulier, participé au radical changement de physionomie que connut la littérature au cours de son siècle.
The Black Rider
Le Cavalier noir, c’est-à-dire le diable, fournit des balles magiques – infaillibles sauf une, dont il se réserve la destination -, à un clerc amoureux qui doit triompher d’une épreuve de tir avant d’épouser l’héritière d’un garde-chasse ducal. Cette légende faustienne de Bohême a déjà inspiré Der Freischütz à Carl Maria von Weber (1786-1826), un opéra qui finit bien, à la différence de The Black Rider, où le héros manipulé atteindra fatalement sa fiancée. Tout comme Burroughs a atteint son épouse Joan, en 1951, à Mexico, alors qu’il visait un verre posé sur sa tête. « Cet accident, écrira-t-il, a orienté ma vie et déterminé mon œuvre ». Burroughs, grand seigneur, élève cette histoire de pacte diabolique en parabole concrète sur la séduction maléfique de l’héroïne.
Une altérité diabolisée
Trouver l’altérité passe par l’approche d’une pratique où le travail d’écriture, du corps, du texte et de la musique apporte à chacun un nouvel espace de possibles, un dépassement de soi et un effacement des postures entre soignés et soignants, entre amateurs et professionnels, entre le plaisir et l’exigence artistique.
« Longtemps, les autres, les différends, les fous, les femmes guérisseuses, les roux… ont été associés à l’image du diable. L’idée de folie, maladie physique ou mentale, se traduisit souvent par l’idée de la possession dans la représentation médiévale. La perception de la maladie s’effectuait aussi par le biais d’un vice ou d’un péché. Les images témoignent d’une permanence ou d’une continuité de la vision médiévale du fou, du personnage marginalisé par un comportement en dehors de la norme, en dehors de son « esprit » normal, si on définit la folie comme déviation des normes sociales.»*
*Sources : L’altérité : le fou et le diable et Les fous en image à la fin du Moyen Âge. Iconographie de la folie dans la peinture murale alpine (XIVe-XVe siècles).
Le Laboratoire « Black rider »
Depuis 2019, l’ambitieux projet théâtral de l’Hôpital Ste Marie et de Procédé Zèbre, exigeant sur la qualité, ancre un travail de Mémoires croisées dans les murs et les esprits. Le programme donne une large place à la découverte du corps à travers la danse, au dire à travers le travail d’écriture.
II s’agit maintenant d’approfondir le travail de création que les acteurs, professionnels et amateurs, soignants et soignés, proposent dans cette thérapie par la culture. Le travail avec de nouveaux partenaires culturels est une opportunité pour ouvrir les portes de l’hôpital et faire découvrir un nouveau laboratoire, un projet qui inscrit la dynamique de groupe, le travail du chœur moderne, dans un travail de fond, le soin du cœur, et qui donne sens à ce que nous appellerons la Mémoire du futur !
Notre proposition artistique est de travailler et de nourrir une performance musicale et théâtrale basée sur la thématique du diable et de ses représentations possibles dans l’imaginaire du spectateur.
La dimension interculturelle, source d’altérité
Comment le diable est-il perçu dans différents pays ? Comment est-il représenté ? La notion de légendes sur nos territoires respectifs interviendra et les activités proposées donneront lieu à l’échange, à l’occasion de plonger dans les mémoires géographiques du texte.
La thématique permettra d’entrainer la discussion autour de ce que représente le « MAL »pour l’ensemble des participants, pour les étudiants, pour les soignés et les soignants, pour les artistes professionnels. Ensemble, nous réfléchirons à la façon dont l’histoire a été marquée par cette idée du mal incarné (antisémitisme, racisme, xénophobie, …) et comment aujourd’hui nous pouvons la dévisager.
La pratique théâtrale permettra aussi la confrontation de traditions culturelles différentes, confrontation joyeuse des possibilités de développer une histoire, un conte, un texte…
Nous penserons enfin le rôle de l’art dans notre société, en acceptant toutes nos différences culturelles. A travers nos pratiques artistiques, pouvons-nous faire levier dans le regard du spectateur, dans le regard de l’autre ?
Ce projet est une aventure humaine autour d’un laboratoire de création artistique, il se devra d’être une perspective stimulante et encourageante pour une société en quête de poésie.