Deuxième réunion transnationale // Passionnants débats !

Dimanche 16 juillet, nous nous rassemblons au petit matin dans le cadre de l’Université de sciences agricoles et de médecine vétérinaire de Cluj-Napoca pour la deuxième journée de la deuxième réunion transnationale du projet WiM Laboratories Iuvenis II. Les arbres nous entourent, on reconnait les chênes et les tilleuls (voir photos). C’est un peu comme si la Bosnie et la France nous attendaient pour notre journée de travail.

Celle-ci commence par une présentation par Cristina Pocol et Mihaela Mihai de la dynamique de l’Université. Toutes et tous, nous restons stupéfaits et comprenons l’intérêt que porte l’université à notre dynamique de recherche et d’expérimentation.

Au-delà d’avoir développé un centre de réussite universitaire soutenant les étudiants des filières francophones de l’Université et un bureau de la Francophonie unique en Roumanie, les laboratoires de pédagogie publient régulièrement des articles quant aux leviers de réduction de l’anxiété relative à l’apprentissage des langues étrangères.

Déjà, dans toutes les filières, les professeurs essaient de trouver de nouvelles méthodes pédagogiques pour que les étudiants s’engagent assidûment dans l’apprentissage des langues et surtout, qu’ils prennent la parole. Une langue, avant même de s’apprendre, ça se parle. Comment peut-on ne pas dire aux élèves que dans les langues étrangères, les locuteurs font des fautes, comme eux dans la leur ? glisse une professeure de langue présente.

Mihaela Mihail nous donne les références de récentes publications sur le sujet au sein de l’université et nous glisse que les recherches sur l’Anxiété langagière sont relativement nouvelles mais qu’elles abondent maintenant dans de nombreux pays.
Ainsi, relève-t-on les propos de la chercheuse polonaise Sylwia ŁUSZCZYŃSKA :

L’apprentissage des langues est un processus extrêmement complexe qui est en outre compliqué par les différences individuelles des apprenants et par leurs différents environnements sociaux et culturels. Les résultats des recherches […] indiquent que l’anxiété est un problème important pendant les classes de français oral pour des raisons affectives, linguistiques et socioculturelles. Par conséquent, des stratégies efficaces doivent être recherchées pour aider les apprenants à réduire leur anxiété afin qu’ils puissent maîtriser la langue cible, ce qui est l’objectif final de l’enseignement et de l’apprentissage en classe. Une parfaite maîtrise, cependant, ne peut être réalisée qu’à travers la communication. Il est donc essentiel de continuer les recherches dans ce domaine et d’explorer ces questions dans des situations différentes. En comprenant mieux ces deux questions, l’enseignement et l’apprentissage du français oral ou d’autres langues étrangères seront finalement améliorés.

Source : Impact de l’anxiété sur l’apprentissage des langues, ŁUSZCZYŃSKA, Sylwia, PRACE NAUKOWE Akademii im. Jana Długosza w Częstochowie Studia Neofilologiczne 2017, z. XIII, s.129–146 : http://dlibra.bg.ajd.czest.pl:8080/Content/4360/11.pdf (Consulté le 20 juillet
2023).

Comprenant le champ de recherche dans lequel nous nous inscrivons, nous touchons à un des grands buts du projet WiM Laboratories Iuvenis II, participer du développement d’un savoir en pédagogie, basé sur l’expérience empirique théâtrale et les observations qu’on peut en tirer.

Nous écoutons alors les mots des professeurs de lycée et découvrons à Aiud, à Hida, en Autriche, en Allemagne, que des jeunes ont envie de se lancer dans l’apprentissage du français parce que la rencontre, au fil des années, avait eu lieu avec Fabrice Dubusset, avec Arnaldo Ragni, que la connaissance concrète de comédiens, de musiciens et de metteurs en scène proposant une approche exigeante constituait une proposition assez séduisante pour la langue française et pour l’engagement dans celle-ci : Tous veulent apprendre. Tous veulent découvrir car tous veulent jouer.

Sans doute nos résultats doivent-ils êtes étayés par une série d’entretiens qualitatifs menés par l’université auprès des professeurs et des étudiants, sans doute aussi sont-ils en partie biaisés par le fait que les groupes sont constitués de volontaires désireux de s’engager dans l’exercice théâtral.

Toutefois, il est clair que l’expérience sociale et vécue dont témoigne les participants : Vous avez changé ma vie, je veux continuer le Théâtre. P. d’Aiud, 18 ans., forme un déclencheur, comme une gâchette qui lance une énergie nouvelle. Celle de la curiosité, de la confiance en soi quant à sa capacité à parler en public et à dire dans quelque langue que ce soit. Cette expérience est une promesse qui bien souvent dépasse la simple envie de voyager ou d’aller découvrir une ville étrangère. Quand elle est vécue une première fois positivement, l’expérience de la pratique artistique, puissante, enivre et suscite son propre-renouvellement. Serait-ce là une énergie perpétuelle accessible ?

Par ailleurs, nos expériences nous montrent l’importance des interstices dans le processus de création du groupe. Laissant du temps au groupe pour être lui-même, nous lui donnons l’espace pour corriger ses propres défaillances. Le groupe sait, si on lui fait confiance et si on exige de lui
l’intelligence, ce qui lui manque et comment corriger ses propres égarements.

Expérience sociale et interstices, voici nos premières conclusions quant aux mots à utiliser dans la théorisation de nos résultats. Sans doute n’est-ce pas suffisant et peut-être pas adapté à tous les élèves. Les parcours universitaires et éducatifs doivent poursuivre leur mue dans chacun de leurs aspects. L’acte artistique semble être une proposition crédible pour intégrer ces formations en devenir. Ça, au moins, nous en sommes sûrs.

(Crédits Photos : Daniela Ardelean et Vesna Scepanovic.)