Dobro Jutro ! // Repérage bosnien

Déjeuner du dimanche en exil

Nous ne parlions jamais de nos souffrances.
Nous enseignions à nos enfants la patience
Le subir en silence
Nos maîtres disaient:
“Les soucis inutiles détournent de la gloire divine”
Alors nous mangions les miettes de leur table.
Sans nous plaindre
Nous nous convainquions :”Je vais bien. Tout va bien.”

Demain sera de même
La même discrimination se perpétue
Les mêmes douleurs
L’assistante sociale me rappellera
Que je ne suis qu’un numéro dans le système
Je chercherai encore
Un moyen de tout quitter
Pour une autre ville, un autre pays peut-être.
Je me bercerai d’y trouver une illusion d’amour,
de compréhension,de pardon.
Mais au plus profond de mon coeur je sais
Que les immigrants n’ont pas de pays.

                                                            – Enesa Mahmic, poète bosniaque

 

Quatrième destination dans le tour de repérage européen que suivent les Zèbres, la Bosnie-Herzégovine au bout de la route interminable. Nous rencontrons le temps d’un Cevapi, kebab bosnien à base de viande roulée en saucisses et de crème dans un pain délicieux, Sladjan Ilic, directeur de l’Agence pour la Démocratie Locale de Zavidovici qui nous explique comment les jeunes de la ville s’emparent de la préparation du rassemblement à Izieu et comment l’ensemble des partenaires bosniens se réunissent autour des nombreux rendez-vous que nous avons au premier semestre. Formidable jeunesse bosnienne, déterminée et engagée !

Nous filons ensuite vers Zenica, le temps de rencontrer Nusmir Muharemovic de Studio Teatar, de le remercier de son engagement et de prévoir la fin du projet Miroir d’eau – Water Mirror. Nous filons ensuite vers Sarajevo et concluons près d’une pendule complète de route qui nous aura emmené depuis l’ouest de la Roumanie jusqu’à la capitale bosnienne.

Nous passons devant les roses et devant le marché de Markale[1] où deux massacres ont eu lieu pendant la guerre des années 90, nous rencontrons les équipes de l’Institut Français de Sarajevo et de Kuma, formidable organisation de production de projets mémoriels engagés et puissants. Nous remercions et saluons Nermina Halkic et Claudia Zini d’avoir trouvé un moment pour nous dans leur agenda chargé.

Nous prenons enfin le temps de retrouver nos amis Haris et Ferida Abdagic, souriants et émus, qui nous disent tout ce que l’amour de la Bosnie et la recherche mémorielle de la complexité des identités nationales peut amener. Tout, de la musique, des jolies choses et beaucoup de joie.

Nous partons de Bosnie avec des idées plein la tête pour construire des temps forts. Prochains rendez-vous au cœur des collines et des chênes, en février pour le Bus des Mémoires et évidemment en juillet pour le Coelacanth European tour. Tous les partenaires sont en place, y’a-plus-qu’à !

[1] Massacres de Markale sur Wikipédia : https://fr.wikipedia.org/wiki/Massacres_de_Markale.