Europe Creative // Laboratoire bosnien : sur le signe du lino
Il y a des possibilités en nombres
Sur le lino
Des coudes qui touchent des coudes
Sur le lino
Un contact à ne pas perdre
Mais des yeux qui ne se croisent pas
Sur le lino ils n’ont pas le temps
Il y a un contact à ne pas perdre
Un corps se baisse, l’autre suit
et déjà il guide.
Déjà il ne guide plus,
Il rampe sur le lino avec le premier
Qui, lui, avait décidé de se baisser.
Il y a une perle de sueur sur le front de
Celui qui écrit, au fond de la salle.
Les danseurs et les danseuses sourient.
Au fond aussi, des tables portent des bouteilles d’eau.
Le lino porte les tables.
On a écrit des prénoms sur des gobelets,
Pour ne pas les perdre. Le jeu reprend.
On rit.
Groupe de corps ! C’est central
La scène regarde de loin.
Le lino supporte.
Il y a une compétition pour le cœur
Une entraide à l’extérieur
On se demande si les danseurs,
Feux follets souriants, n’ont pas envie
De courir le lino comme ils courraient aux champs.
On a dit du plafond et de la scène
Qu’ils sont meringués.
La pause dure dix minutes.
Il faut remettre son pull
Pour ne pas prendre froid.
Les musiciens ont envie de jouer.
Ce n’est pas facile.
Travailler, c’est travailler.
Une perle de sueur, deux sans doute
Habitent le front de celui qui écrit, au fond.
Le lino se reposera la semaine prochaine.
Pour l’instant, nous sommes présents.
Derrière la Fenêtre, un poids lourd passe
Indifférent.
Travailler, c’est travailler
Et anticiper que ça ne suffira jamais.
Toujours, il y aura le poids des bras sur les presses.
Procédé Zèbre, Lelastiko et Studio Teatar sont réunis du 26 septembre au 1er octobre, à Zenica et Sarajevo pour la deuxième semaine des laboratoires de création du projet Water Mirror – Miroir d’eau.
Toute la semaine, Nusmir Muharemovic et son équipe ont invité des intervenants internationaux pour nous accompagner parmi lesquels Thomas Steyaert, chorégraphe flamand installé en Bosnie-Herzégovine. Les rencontres sont fortes. Les corps engagés.