Le projet européen à Izieu pour les Journées de la Mémoire 2024

Du 4 au 7 avril 2024, la Maison d’Izieu a accueilli plus de 2 000 personnes pour commémorer le 80e anniversaire de la rafle du 6 avril 1944. Autour des anciens enfants d’Izieu, les hommages furent nombreux et divers. Nous y avons participé avec 102 jeunes du projet « Laboratories Iuvenis » avec une performance et des discours. C’est la première fois que tous les partenaires du programme Erasmus+ se retrouvent ! Une veritable joie pour tout le monde !

Jour #1, Mercredi : La classe « Audace artistique » du lycée Belley est déjà en plein travail théâtral lorsque l’équipe de Procédé Zèbre et du lycée Saint-Pierre arrive sur le Camping de l’Île de la Comtesse, notre lieu d’accueil pour les cinq prochains jours. Petit à petit, les autres groupes arrivent : le groupe du Hohenzollern Gymnasium et du BRG Perchtoldsdorf, puis les jeunes de Brescia accompagnés par la compagnie de danse Lelastiko. Tard dans la soirée, un grand bus ramène le reste : les groupes d’Almatatro de Turin, les jeunes de l’Agencija lokalne demokratije de Zavidovići, le Liceul tehnologic Liviu Rebreanu de Hida, le Colegiul National Titu Maiorescu d’Aiud et l’Universitatea de științe agricole și medicină veterinară de Cluj-Napoca. Nous étions complets : 96 jeunes, 25 encadrants, de six pays européens.

Jour #2, Jeudi : Dès le réveil, les répétitions commencent. Pour la commémoration à la Maison d’Izieu jeudi, chaque groupe a écrit un texte sur les enfants d’Izieu dans sa langue maternelle. Certains jeunes participent également à la lecture des noms des 51 personnes arrêtées à la colonie et déportées. Les textes émouvants sont présentés en roumain, italien, allemand, bosnien et français.

Per pochi mesi la Maison diventò un porto sicuro, lontano dalla morte,
dalla sofferenza, dal dolore, dove i bambini erano liberi di essere sé stessi:
correvano, giocavano, disegnavano, scrivevano biglietti e lettere.

Rămas bun, copile, ce mai ieri țeseai vise din fericiri și azi te plângem în neștire,
pentru ceea ce puteai fi!

Mă doare să văd ce s-a întâmplat în Izieu. 

Nous étions 44, 44 enfants âgés de 5 à 17 ans, nous étions différents mais identiques.

So etwas darf NIE WIEDER passieren! 

Ponavljamo ono jedno te isto „nikad više“. 

Mon coeur saigne des larmes de tristesse pour ces enfants assassinés injustement.

Împreună suntem puternici.

Racconta che senza i sogni innocenti dei bambini non c’è futuro.

Wir bewundern die Menschen, die es gewagt haben,
diese Kinder zu verstecken und sich für sie einzusetzen. 

Mentre fai le tue guerre, pensa agli altri,
non dimenticare coloro che chiedono la pace.

Aperçu des textes émouvants, présentés en roumain, italien, allemand, bosnien et français. 

Ensuite, la parole est donnée à d’autres invités, comme Diane Fenster, ancienne enfant d’Izieu, confiée à une famille d’accueil par Sabine Zlatin. Aujourd’hui âgée de 82 ans, elle partage avec le public ses émotions fortes liées à ce lieu qui a sauvé sa vie.

Jour #3, Vendredi : Vendredi, nous restons au camping. Il y a beaucoup à préparer pour les prochains jours… et pour les performances de chaque groupe le soir.
Depuis 2021, les jeunes ont mené des recherches avec leurs professeurs sur des sujets liés aux conflits et aux exils européens du XXe siècle qui constituent les bases de leur travail théâtral. La soirée est le résultat de trois ans de travail…
Le chapiteau du camping devient une scène professionnelle avec des lumières et du son. Chaque groupe présente aux autres leur performance de dix minutes.
La scène est ouverte et le public est silencieux. Ils parlent de la Seconde Guerre mondiale et des destins des juifs. Ils parlent de la révolution roumaine et des restrictions de Ceaușescu. Ils parlent de la guerre en Bosnie. Ils parlent des migrants qui partent de chez eux pour trouver une meilleure vie. Chacun rend hommage au travail des autres.
Nous avons été émus par cet engagement et ce talent. Les applaudissements nourrissent la joie mutuelle de jouer du théâtre ensemble, sans compétition mais avec beaucoup de respect les uns envers les autres !

 

 

Jour #4, Samedi : Les groupes germanophones, de Sigmaringen et de Perchtoldsdorf, ont un rendez-vous officiel aujourd’hui ! Claudia Roth, la ministre de la Culture allemande, a invité les jeunes pour une rencontre à la Maison d’Izieu. Pendant une heure, ils parlent de l’importance des pratiques théâtrales, de l’enseignement artistique dans les écoles, du pass culture en Allemagne qui n’était pas encore établi en Autriche, des projets européens et de leur portée. Le résumé des jeunes est clair : ils ont tous évolué et pris confiance sur scène grâce au théâtre, ils ont beaucoup appris sur les mémoires de leur région, parfois invisibles ou niées, et ils ont trouvé de nouveaux amis dans toute l’Europe grâce au programme Erasmus+. La fin du projet approche, mais tout le monde souhaite continuer à faire du théâtre et à maintenir des liens avec les autres participants ! Puis il y a encore la tournée finale en bus à travers l’Europe en juillet !

Jour #5, Dimanche : Les jours passent vite et c’est déjà dimanche, le moment de la Grande Commémoration et de la représentation des jeunes devant le public de la Maison d’Izieu. 1000 invités sont inscrits pour ce jour. Encore une dernière répétition sur place et enfin, à 14h, les jeunes montent sur scène. Sur un grand écran, on voit une scène filmée avec une jeune sur une balançoire dans le jardin de la Maison d’Izieu. Puis la même jeune avec sa balançoire se retrouve dans l’herbe devant le public. Presque cent enfants cachés dans les bois s’approchent de la scène, curieux et effrayés à la fois. Où sont-ils et qu’est-ce qui va se passer ? La performance est impressionnante et le public vient féliciter les jeunes. Encore un grand bravo à chacune et chacun !!!

Après la performance, certains groupes doivent dire au revoir, tandis que d’autres ont l’opportunité de rencontrer le président de la République qui visite ce jour-là la Maison d’Izieu pour reconnaître le travail de mémoire.

Nous aussi, nous nous remercions et félicitons pour ce travail si important afin que l’histoire ne se répète pas. Nie wieder !