Les Bus des Mémoires en patois, Qui que ma co !
Vendredi 23 et lundi 26 juin, Procédé Zèbre s’est associé à l’Institut d’études occitanes du Puy-de-Dôme pour mener deux entretiens croisant les problématiques du Bus des Mémoires et celles de la conservation et du collectage linguistique.
Vitalo Iva, premier acheteur important de myrtilles sauvages
Ensemble, nous sommes partis sur les traces de Vitalo Iva, premier acheteur important de myrtilles sauvages et qui a activement participé au développement économique des tourbières, grâce aux témoignages d’Ulysse Monteilhet, 91 ans, et de son fils Didier.
Ils nous ont raconté le sentiment d’exaltation des cueilleurs de myrtilles et comment cette pratique avait vu une large diffusion grâce à la commercialisation possible. Ainsi, nombres de travailleurs du Livradois-Forez, après avoir fait leur journée de travail, arpentaient les monts et les vaux à la recherche de « l’Or noir », de cèpes qu’éventuellement ils faisaient sécher, de girolles, de lactaires délicieux, qu’on appelle les sanguins, etc… Ils nous ont raconté le courage inlassable de ce qu’Henri Pourrat appelait « Le Fier peuple travailleur d’Ambert » et, sans doute en sous-ligne, sa solitude. « Quand on revient au monde, ça fait drôle » nous disent-ils.
Noël Douarre, roi incontesté des nuits ambertois
Nous avons également rencontré Noël Douarre, roi incontesté des nuits ambertois entre 1970 et 2010, organisateur infatigable d’événements, de fêtes, de soirées, tenancier de parquets de bal, de discomobiles et de boîtes de nuit.
Celui-ci nous a raconté, passant sans peine du français au patois qu’il parle impeccablement, un ensemble d’anecdotes, chacune plus pertinente. Allant de l’enseignement du français par la violence, dans les écoles élémentaires du Livradois dans les années 40, au sentiment de peur qui habitait les adolescents ambertois quant à la guerre d’Algérie. Nous avons vu, une nouvelle fois, l’Algérie sourdre là où nous ne l’attendions pas. Enfin, il nous a raconté comment l’enfant qu’il était a été effrayé par la première auto dans laquelle il est monté, qu’il a pris le train pour la première pour faire ses classes et comment le son de la Micheline sonnait les heures pour toutes celles et ceux qui, dans la vallée, l’écoutait.
Ces témoignages forment la charpente des Bus des Mémoires et structureront la proposition artistique qui sera faîte dans quelques mois.
Rendez-vous le 1 e décembre 2023, à Ambert, et en attendant sur le site de l’Institut d’Études Occitanes.
Merci à Laurent Boithias et à tous les militants de la conservation des langues locales.