Les Jeunesses en Scène, WiM 2023.

Lundi 22 mai, les deux salles du Centre culturel de Vichy ont résonné des mots des six performances présentées dans le cadre de la deuxième participation apprenante de jeunes européens au festival Water is Memory.

Le groupe de l’Agence pour la Démocratie locale de Zavidovici a été particulièrement remarqué par la mise en scène qu’il a offert, signée par Nusmir Muharemovic, et le chant d’Adna Marušić devant une danse traditionnelle, arrachant des larmes à torrent à toute l’assemblée. Les jeunes de l’IISS des Ambrois d’Oulx ont offert un spectacle absurde et drôle sur le thème des voyages en train, alors que les étudiants roumains de l’Université de Cluj-Napoca ont choisi de reprendre un texte de théâtre contemporain dans une mise en scène adaptée pour l’occasion.

Un public nombreux a ainsi voyagé de la Roumanie de Ceausescu à la guerre civile en Bosnie-Herzégovine en passant par les voyages piémontais, les fruits d’exil offerts par la troupe d’Almateatro et la beauté, dite sur scène par un groupe de jeunes allemands, ukrainiens, turcs et français.

La soirée s’est finie devant les portes du Centre culturel. Toutes et tous dansaient et chantaient, riaient énormément, ivres de leur réussite et d’avoir montré devant une foule riche qu’ils sont capables de théâtre, qu’ils sont théâtre.

 

Lycée technologique Liviu Rebreanu, Hida, Sălaj, România

Wastawaç

 

Distribution : Carla – Maria Gog, Raluca – Iulia Morar, Roxana – Maria Mureșan, Anamaria – Larisa Pop, Giulia – Sara Prodan, Daiana – Miruna Damșa

Mise en scène : Arnaldo Ragni, avec la complexité de Fabrice Dubusset.

Encadrement : Călin – Andrei Mateiu (Proviseur), Ioana – Daniela Ardelean

La région de Salaj et Hida étaient des centres juifs très importants avant la Seconde guerre mondiale. Sur scène, les élèves portent les noms de personnes ayant vécu, mais n’ayant pas survécu aux rafles ordonnées par le gouvernement hongrois, allié des nazis.

Agence pour la Démocratie locale, Zavidovici, Bosnie-Herzégovine.

Ko je kriv?

 

 

Distribution : Faris Starčević, Adna Ajanović, Adna Marušić, Ilma Mahmutović, Ajdin Mujkić, Nadina Šehić, Hana Marušić.

Mise en scène : Nusmir Muharemović.

Encadrement : Sladjan Ilic, Dino Sinanovic.

Notre spectacle est basé sur des thèmes qui représentent la tradition, la culture, le passé et la migration de la Bosnie-Herzégovine. La première partie montre l’enfance innocente et joyeuse des enfants bosniens. Tout à coup, de terribles événements conduisent à la dissolution de notre État. La seconde partie exprime les émotions liées à la perte d’êtres chers et le sentiment de solitude.

Notre coéquipière, Adna Marušić, a écrit un monologue sur la situation d’une fille bosnienne fière. Nous nous sommes levées, fières et sûres de ce que nous voulions. Au moment où personne ne s’y attendait, nous sommes sorties de nos tombes. Plus fortes que jamais, nous étions prêtes à nous battre pour notre justice. Nous avons fait preuve de défi en chantant une chanson intitulée « Qu’il n’y ait pas de guerre » (« Samo rata da ne bude »).

Pendant qu’elle chante une sevdalinka (chanson) traditionnelle, « Anadolka », on peut voir la danse folklorique traditionnelle « Kolo » derrière elle. La dernière partie résume les difficultés de notre pays qui provoquent des migrations de Bosnie pour une vie meilleure.

Après avoir vécu dans des pays étrangers, ils ont réalisé que la patrie n’existe pas. Hana Marušić a exprimé ce sentiment dans son propre monologue. »

 

Almateatro, Turin, Italie

R-ESISTENZA Spettacolo teatrale

Distribution : Ayoub Moussaid, Caterina Illario, Mariapia Basile, Hasti Naddafi, Luca Fancello, Berivan Görmez, Giovanni Gobetti, Vesna Scepanovic.

Mise en scène par le groupe lui-même.

Encadrement : Vesna Scepanovic et la troupe professionnelle d’Almateatro.

Aucune ville n’est née comme un arbre, toutes ont été fondées un jour par quelqu’un venu de loin. Peut-être un roi. Un roi mendiant chassé de sa patrie et qui ne veut d’aucune autre patrie… et quand j’entrais dans la ville, je savais déjà, aussi compatissants que fussent ses habitants, aussi bienveillant que fût le sourire de son roi, je savais bien qu’ils ne nous donneraient pas la clé de notre maison.

Jamais personne ne s’est approché de nous en disant « voici les clés de votre maison… Vous n’avez qu’à entrer ». Il y a eu des gens qui nous ont ouvert la porte et nous ont fait asseoir à leur table, nous offrant une bonne réception, et même plus encore. Mais nous étions malgré tout des invités, des personnes invitées. Nulle part nous n’avons été accueillis pour ce que nous étions vraiment…

des mendiants, des naufragés jetés sur la plage par la tempête, tels une épave qui est aussi un trésor. Personne ne voulait savoir ce que nous venions demander. Ils supposaient en effet que nous venions demander, puisqu’ils nous donnaient tant de choses, nous comblaient de dons, nous couvraient de leur générosité presque pour ne pas nous voir.

Mais ce n’était pas cela que nous demandions, nous demandions qu’on nous laisse donner. Car nous apportions avec nous quelque chose que personne ne possédait, ni là, ni ailleurs, où que ce soit. Quelque chose que les habitants d’aucune ville, « les établis », ne possèdent pas… quelque chose qui appartient uniquement à ceux qui ont été arrachés à la racine, …

L’errant… Celui qui se retrouve un jour sans rien sous le ciel et sans terre, celui qui a éprouvé le poids du ciel, sans la terre qui le soutienne.

« La tombe d’Antigone » – Maria Zambrano

 

Université des sciences agronomiques et vétérinaires, Cluj-Napoca, Roumanie.

Complexul România – Le Complexe Roumanie

Distribution : Alexandra Maria Criste – la mère ; Maria Lehovida – Mircică, Georgică ; Raul Gabriel Grigore Indrea – le père ; Denisa Gomboș – Georgică, Mircică ; Bianca Obreja- la grand-mère ; Maria Cibanu- la mère ; Adela Maria Neag – la mère de Georgică,  la mère de Mircică ; Raul Stan- l’agent de la Securité, Georgică ; George Marius Ciolpan – le père, l’agent de la Securité.

Mise en scène : Fabrice Dubusset – Texte de Mihaela Michailov

Encadrement : Mihaela Mihai (Professeure d’université). (Nos pensées vont à Cristina Pocol).

Les étudiants de Cluj présentent une pièce de théâtre contemporaine, axée sur la période communiste du dictateur Ceausescu, vue à travers le regard d’une enfant : Georgică. L’autrice a ressenti la nécessité d’un texte sur son parcours, sa famille, le regard des autres… Sans complexe elle aborde la Securitate, la révolution nationale et aussi le devenir économique du pays où de nombreux roumains ont été dans l’obligation de trouver du travail à l’étranger…

 

Istituto Istruzione Superiore Statale Des Ambrois, Oulx, Italie.

Où que je sois

 

Distribution : Alessandro Calvi, Grazia Garrisi, Ingrid Bordianu, Ioana Branzei, Isabell Alexa, Maëlys le Roy, Mariachiara Laudisi, Martina Peluso, Matteo Maggio, Miriam Fusco, Murielle Akpagnonite, Rebecca Alexa.

Encadrement : Silvia Massara, Annalisa Marchioni

Mise en scène par le groupe lui-même, avec la complicité de Fabrice Dubusset.

Voyager nous fait partager avec les autres ce que nous sommes et nous demande donc de nous interroger, d’etre vrais, justement nous et pas d’autres. Une gare est un lieu où on décide d’aller parce que c’est de là qu’il faut partir, un lieu où acheter un journal pour se sentir partie du monde, où des rencontres et des possibilités prennent vie, un lieu où regarder le panneau des horaires pour rêver… Une gare est un lieu de passage où chaque passage se fait mémoire.

 

Hohenzollern-Gymnasium, Sigmaringen, Allemagne

Un monde nouveau

Distribution : Irem Sahin, Elif Ayhan, Nele Zimmermann, Selissa Vidmar, Aylin Fölker, Ruslan Shanovskyi, Vlad Verbovskyi, Vova Verbovskyi, David Richter, Begüm Erdem, Xenia Müller, Presiyana Zlateva, Cristina Tamas, Eftelya Kaymakci, Gabrielle Micaud, Hildelisse St-Gérand, Pierrick Boissonnet.

Encadrement : Annemarie Kastelsky, Stefanie Bisinger

Mise en scène par le groupe lui-même, avec la complicité de Fabrice Dubusset.

La beauté de la vie est inchangée, peu importe où, qui, avec qui ou pourquoi nous sommes. Que l’amour que nous pouvons tirer de cette beauté soit perçu et répandu, c’est l’œuvre de chacun d’entre nous.