Les reflets peuvent apparaître/Reflections can appear
Les reflets ne sont pas difficiles à trouver pour ceux qui les cherchent. Pourquoi met-on des chaussures épaisses quand on vient dans une école chauffée ?
Crédit photo : Wikipédia, « Vue de Zenica depuis la rivière »
Il y a une fille discrète qui a des lunettes rondes et des cheveux roux. Elle est facile à reconnaître, elle remonte ses lunettes de son index droit et cherche à ne pas être vue. Son sourire annonce qu’il n’est pas là. Son sourire annonce qu’elle non plus. D’ailleurs, son pull trop grand dit la même chose. Elle disparaît dans le vide qu’il ouvre autour de ses hanches. Elle rit étonnée d’être là, au milieu de lui, au milieu de son pull mauve.
Elle porte sous elle des godillots. C’est bien plus pratique pour fuir les godillots. Les tennis fins ou de course sont les chaussures de ceux qui ne réfléchissent pas. Les tennis sont les chaussures de ceux qui fuient par instinct ou par coup de chance et plus surement encore de ceux qui ne fuient pas.
Il faut ne pas réfléchir pour pense qu’on fuit en tennis. Les godillots passent les collines, passent les chemins et les ruisseaux fins.
Je me souviens des images que nous avons vues au troisième étage d’un immeuble discret de Sarajevo. Peut-être était-ce au quatrième ou au deuxième. Je me souviens qu’il y avait sur les boutons de l’ascenseur indiqués des bureaux de la Délégation de l’Union Européenne et un dentiste. Le Dentiste occupait les deux premiers étages. Peut-être avait-il un duplex à Sarajevo.
Il n’y avait pas grand monde pour pense à un duplex à Sarajevo sur les images que nous y avions vues. Il y avait des hommes sales qui poussaient leurs pas dans de godillots, comme étonnés d’être là. Aucun d’entre eux n’avait de tennis, et pourtant ils avaient fui par chance.
Peut-être que c’est ce qu’elle prépare, la fuite par coup de chance. On ne sait jamais ce qui arrive aux incertains.
Crédit photo : Gallery 110795
Reflections are not hard to find for those looking for them. Why do you put on thick shoes when you come to a warm school?
There is a discreet girl with round glasses and red hair. She is easy to recognize, she pulls up her glasses with her right index finger and tries not to be seen. Her smile announces that it is not there. Her smile announces that she is not either. Moreover, her too big sweater says the same thing. She disappears into the void that it opens around her hips. She laughs, astonished to be there, in the middle of it, in the middle of her mauve sweater.
She wears boots. It’s much more practical to run away. Thin or running sneakers are the shoes of those who do not think. Tennis shoes are the choice of those who flee by instinct or luck, and even more so of those who do not flee.
One must not think to consider that one escapes in tennis shoes. The boots pass the hills, pass the paths and the fine streams.
I remember the images we saw on the third floor of a discreet building in Sarajevo. Maybe it was on the fourth or second floor. I remember that on the buttons of the elevator were indicated offices of the Delegation of the European Union and a dentist. The Dentist occupied the first two floors. Maybe he had a duplex in Sarajevo.
Crédit photo : Gallery 110795
There were not many people to think of a duplex in Sarajevo in the pictures we saw there. There were dirty men pushing their steps in boots, as if astonished to be there. None of them had tennis shoes, yet they had escaped by chance.
Maybe that’s what she’s up to, escape by luck. You never know what happens to the uncertain ones.