Mindchangers // Deux jours à Turin ou l’internationalisation des Bus des Mémoires
Les rencontres y ont été nombreuses et joyeuses.
Nous avons eu la possibilité de présenter Les Bus des mémoires dans le cadre de différents ateliers d’échange et de pensée.
Merci beaucoup à l’ensemble des organisateurs et aux équipes de Résacoop à Lyon, à Giulia Randazzo, Marine Kolhaas et Clémence Barbier en particulier. Il nous tarde de retrouver, dans d’autres contextes, l’ensemble des jeunes et des porteurs de projets engagés dans le processus Mindchangers.
Ces deux jours ouvrent le travail de construction des Bus des Mémoires à l’international. Nous avons ainsi pu prendre un temps d’échange avec la formidable équipe d’Alma Teatro pour construire un rendez-vous à Turin le 11 novembre, une journée de réflexion sur l’engagement de tous par le théâtre dans la découverte de l’histoire et des mémoires, journée co-organisée avec Alma Teatro et l’IISS des Ambrois d’Oulx.
Ils ont été l’occasion de réfléchir poétiquement à ce que nous souhaitions faire d’une cité idéale, et à sa capacité d’intégration de tous.
J’arrive sous le ciel du crépuscule
Devant les murs propres d’une école du soir.
On y voit des adultes et des jeunes
Qui sortent des cours obligatoires,
Un chêne, un hêtre tremblant
Et des magnolias.
Je longe au matin des marchés luxuriants
Où des hommes et des femmes, producteurs,
Maîtrisant l’ensemble du processus,
Du semis à la monnaie,
Sourient de ne pas voir leur revenu
Dépendre de la vente du jour.
Leur salaire est socialisé,
Comme l’entretien des magnolias.
Sous le zénith, heure de liesse et de paresse,
Quand travailler est interdit,
On entend des jeunes débattre
Avec les plus anciens
De l’entrepôt politique.
Chacun doit reformuler et dire l’essence des propos entendus
Avant de proposer une autre direction.
C’est long, c’est pour cela
Qu’il faut une heure de liesse.
On ne pourra pas prendre de décision
Sans le consensus.
On ne pourra pas couper les magnolias
Parce que les jeunes enfants les trouvent beaux.
Au crépuscule suivant, on enterre ou on brûle
Un corps fatigué.
La société, pas seulement celle qui le connaît,
S’est réunie.
On chante à plusieurs voix.
On lit à plusieurs voix hautes.
On danse calmement, avec une humble énergie.
On dit qu’une vie qui a créé
N’est pas inutile.
On plante sur une tombe,
Au pied encore lumineux de la pierre,
Un magnolia.
Quand je repars, je crois ceux qui,
Comme moi la veille,
Arrivent devant les murs propres de l’école et qui,
Comme moi la veille,
Y vont trouver une place, sur un banc.
Ils apprendront à faire vivre un collectif réussi
Et recevront à leur tour les clés,
Un livre et une poignée de graines.
– Turin, 5 octobre 2022.