On cherche, entre salles de cours, amphithéâtre et parquet ciré.
Le Livradois accueille avec sourire et bienveillance l’investigation mémorielle de Procédé Zèbre. Ainsi, des enfants apprennent à compter en patois, ce qu’est un Mandol et à chanter Adiou, Pauv Carnaval. Ils mènent une sévère enquête sur le passé des écoles rurales et sont tour à tour inspecteurs, technicien et lisent à voix haute leur rapport d’enquête.
Les personnes âgées du territoire se mettent déjà en scène et alors que Monique apprend à mourir théâtralement dans les bras d’Yvonne, Annie-France se prend à voir le Livradois-Forez comme un territoire refuge possible.
« Quels seront nos exils ?
– Une grande maison en bois, à la campagne, pour accueillir toutes les âmes égarées.
– Un ou deux chiens pour nous protéger.
– Un ou deux chats pour attraper les souris.
– Une ou deux chèvres pour avoir du lait et fabriquer d’excellents fromages.
– Deux, ou plus, poules pour obtenir de bons œufs.
– Ne plus obéir aux ordres.
– Vivre libres et sans contrainte.
– Écrire le roman de ses origines.
– S’habituer à une nouvelle vie, oublier le confort.
– S’habituer à l’idée de non-retour. » – Annie-France, plus de soixante-dix ans, mais toujours souriante.
Nous écoutons Jacqueline nous mener dans les méandres ambertois et le récit de Paul, qui nous parle du Nouvel Ambert. Pierre tient son micro tendu, Frédérique, Fabrice et Etienne posent des questions qui trouvent ici bien des réponses.
Il y a eu un maquis ici vous savez. Personne n’en parle trop, mais il y a eu un maquis. Ils étaient soixante-dix dans la forêt. Les maquisards ici, on dit qu’il y a eu les bons, et les moins bons vous comprenez… C’est facile à dire maintenant, les maquisards… Mais à l’époque, on n’était pas tranquille. Et ce médecin qu’ils ont tué, ils ont peut-être eu raison mais c’est lui qui avait sauvé ma petite sœur. Elle avait l’appendicite je pense.
Enfin, on écoute ce qui se dit dans les rassemblements, on écoute les textes écrits par un groupe de volontaires qui se réunissent dans une librairie, on écoute aussi ce qui se dit au Forum Jeunes où une lycéenne nous dit qu’elle à grandi à Madagascar et que quand on passe d’une ville de plusieurs dizaines de milliers d’habitants à une maison au Monestier, on voit une vierge sur un rocher, et qu’on se sent un peu seule.
Nous remercions chaleureusement Dorian, jeune ambertois qui a partagé notre investigation, Alexandra, notre comparse autrichienne de jeu et de recherche, Dorothée, Didier et Hélène.