Part. 1 : Brescia – Janvier 2023 // Où vont les oiseaux quand on les libère ?

Les laboratoires du projet Miroir d’eau – Water Mirror reprennent. Du 16 au 20 janvier, les équipes de Procédé Zèbre, de Studio Teatar et de Lelastiko sont réunies en Lombardie pour entamer le processus d’expérimentation pédagogique et artistique avec un groupe composé de jeunes étudiants de l’université voisine et de personnes âgées, de femmes de plus de soixante-dix ans, habituées des projets de création participative que développe la compagnie de danse bressane.

Les recherches orientent notre travail autour d’un double enjeu.

 

Les plantes et les oiseaux migrent. Ils migrent par leurs stratégies de survie. Ils migrent en trouvant à semer au vent, à se glisser dans les interstices. Ils migrent en posant leurs œufs au creux des falaises. Ils migrent en définissant des possibles, des normes minuscules, fragiles ou gigantesques. Le pissenlit sème au vent. L’hirondelle survole la Méditerranée. Toutes les stratégies historiques, ancrées dans l’habitude, sont bouleversées.

 

Les hommes, eux, se choisissent des leaders. Se choisissent des rois, des chefs, des symboles de domination. Puis les brûlent.

 

Les hommes élèvent des tyrans et se soumettent à leur joug. Les hommes élèvent des statuts pour les abattre, le temps fait toujours son œuvre et réussit à vaincre jusque-là pierre la plus dure. Toutes les stratégies historiques seront-elles bouleversées comme le vol des hirondelles ?

Où vont les oiseaux quand on les libère ?

 

Un échange avec des invités, des journalistes et les amis du travail en cours est organisé vendredi 20 janvier en début d’après-midi. Peut-être aurons-nous trouvé des pistes de réponses.

 

Dans la cuisine de ma maman,

Dans mon lit d’enfant, sous la flanelle ou le coton ?

Sur la place où ados, nous traînions sur le banc

Et ancrions nos noms de coups de compas ?

Devant les machines bruyantes,

Dont le chant étouffe les images et les velléités ?

Devant des télévisions morbides ?

 

Le long du petit ruisseau qui s’ouvre comme un livre

Quand on suit le petit chemin, secret, que je connais ?

Sur les pentes interminables que je cours encore et encore,

Pour l’exercice, pour parler, pour sentir, et encore ?

Sur les flancs des montagnes des croissances qui,

De leur murmure venteux, disent offrir une demeure

A l’égaré incertain ?

A l’égaré incertain ? y vont-ils ?

 

Au bureau de vote ?

Dans les bastions ?

Dans les rues trop froides ? Dans les salles de boxe ?

Sous les poings des ratonnades

Ou écrire des romans ?

Vont-ils témoigner ? Pour changer quoi ?

Vont-ils dire que que ça recommencera

Ou porter sur leurs ailes un espoir nouveau ?

Vont-ils construire des ciels à ouvrir

D’un piaulement maladroit ?

Crier et décrocher des tuiles sur les ruelles froides ?

 

Où vont les oiseaux, quand on les libère ?

 

Crédits photo : Ferida Abdagic et Davide Bonnetti.