Samedi 13 mai // Finalement, la pluie s’arrête.

Vendredi matin, 12 mai, alors que les techniciens finissent d’empiler les caisses de matériel dans un camion 20m3, tous les jeunes mobilisés lors de la semaine de travail du projet Miroir d’eau profitent d’un entretien vidéo matinal avec Mme Drezet-Humez, Représentante de la Commission européenne en France. Aucun sujet n’est laissé en chemin, on parle d’identité européenne, de nationalités à repenser, de la défense et de l’importance de la paix. On parle d’orientation et de ce qu’est l’Europe. La diplomate dit « Vous êtes l’Europe » et Sanae, 13 ans, répond « L’Europe, c’est nous. ». Toutes et tous se quittent extrêmement satisfaits, conscients de leur chance.

L’après-midi, toutes et tous se relaient pour installer barrières et projecteurs. Marion Dupommereulle, Frédérique Mille et Marina Rossi travaillent et font travailler leurs partenaires de danse dans le bassin de la place Charles de Gaulle de Vichy. Les passants se demandent ce qu’ils font. Certains posent la question et obtiennent en réponse un programme du festival Water is Memory. Un peu plus loin, Nusmir Muharemovic et Zlatan Školjić prennent un café en terrasse du café Le Brazilia. Nusmir regarde le ciel pensif. Zlatan, lui, se dit qu’il devrait sans doute aller répéter encore un peu avec Frédérique, Marion et le reste de l’équipe.

Pierre et Alex, les deux techniciens les regardent pensifs. L’équipe technique de Procédé Zèbre monte une structure technique, de son et de lumière, à chaque fois que la pluie la laisse mettre le nez à l’extérieur de son parapluie.

Vendredi soir, alors que la nuit continue d’écouter la pluie tomber, toutes et tous, élèves, italiens de Lelastiko, Bosniens de Studio Teatar et Bourbonnais de Procédé Zèbre, répètent encore dans le gymnase de l’Institution St Joseph de Cusset. Puis, les artistes professionnels vont faire un dernier repérage, quelques réglages lumière et son, et ils rentrent enfin.

Samedi, c’est la grande journée et tout le monde regarde le ciel. Il est gris. Arnaldo Ragni, compagnon de toujours de Procédé Zèbre souffle et dit : « Quand même… Quel dommage s’il pleut… ». Les heures s’égrènent mais on décide qu’on va jouer sur la place. On a tout installé, après tout ce n’est pas pour rien. A dix-huit heures il tonne. On regarde le ciel qui est on ne peut plus menaçant. La Caravane du Bouillon, acteur culturel et gastronomique du département arrive et commence à faire cuire des quiches aux épinards. Eux non plus ne doutent pas que « ça va aller ». Nusmir essaie de dire « quiche aux épinards », Marina se moque un peu même si elle n’y arrive pas très bien non plus. Zlatan et Alex improvisent un chant de la pluie pour qu’elles s’arrêtent, Francesca Ceccala, elle, s’essaie à une danse totémique qui, « c’est certain ! », va faire s’arrêter l’eau.

Les jeunes arrivent. Tous ont des tenues hors du temps. Ce n’est pas d’aujourd’hui mais il n’est pas facile de dire à quel hier ils appartiennent. On dit « C’est comme les Choristes, mais plus urbain. » Ils ont des visages qui auraient pu être du passé, avec les couleurs du samedi 13 mai 2023. On fait des photos. Certains disent : « Il fait froid ! » et d’autres « On peut avoir un parapluie sur la photo ? ».

Le public arrive. Eux non plus ne doutent pas que « ça va aller ». Certains prennent des quiches aux épinards. Nusmir et Marina sont déjà cachés, ils n’arpentent plus le plateau de jeu, mais elle se moque encore un peu de lui. Pourtant, maintenant, sa prononciation est presque parfaite : Qui-cheu-Ô-Zépi-Nal !

Il est neuf heures et Miroir d’eau doit jouer dans treize minutes. Toutes et tous sont à leur poste. Chacun est là où il doit être. Arnaldo Ragni tousse, c’est lui qui va entrer en scène en premier. Il tousse et les dernières gouttes tombent. Les bancs sont trempés et l’équipe technique se rue sur eux avec des sopalins et des éponges. Le public demande s’il peut aider. Tout le monde sourit. 21h13, le spectacle commence. Les livres brûlent et, ensemble, les jeunesses européennes, élèves et professeurs, les artistes, les techniciens, les musiciens, les comédiens, éteignent le feu de l’ignorance. Ce soir encore l’Autodafé est vaincu.

 

MIROIR D’EAU

Mise en scène : Fabrice Dubusset, avec la complicité de Marina Rossi, Nusmir Muharemović et Arnaldo Ragni.

Musique : Christophe Nurit.

Compositions originales : Haaris Abdagić, Davide Bonetti et Christophe Nurit.

Régie technique : Pierre Valente, accompagné d’Alex Barry.

Distribution :

Charlotte Basson, Cali Benigaud, Alexandre Bernardin, Constance Bignon, Francesca Cecalla, Marie Chanteclair, Léa Compagnat, Julia Cousin-Neveu, Lisa Dabrigeon, Éleanore Dallois, Léane Dubest Bourion, Mélina Dubest Bourion, Marion Dupommereulle, Lucie Durand, Lucie Engelvin, Valentine Fradin Menaspa, Maël Genty, Valentin Jarland, Eve Lagrange, Céleste Laigo, Coraline Leloup, Elliot Mailletas, Clémence Mayet, Alexandra Meunier, Gabrielle Micaud, Frédérique Mille, Anastasia Mirzakirov, Gabriel Morault, Nusmir Muharemović, Manon Nicolle-Garcia, Louise Oudot, Romain Pasquier, Arthur Pejoux, Zlatan Školjić, Arnaldo Ragni, Camille Richaud, Marina Rossi, Etienne Russias, Hildelisse Saint Gerand, Louise Vernière, et Sanae Zacharie.

Ils nous ont accompagnés pendant le processus de création : Ferida Abdagić, Haris Abdagić, Davide Bonetti, Lana Delić, Ajla Đidić, Ana-Marija Jurić, Almir Nakić.