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Albert Londres à l’Université, et boucle la boucle !

Jeudi 16 novembre, l’équipe de Procédé Zèbre se produit à l’Université de Guyane en compagnie d’une vingtaine d’étudiants de toutes les facultés, et de tous les niveaux. On entend parler de jugements et d’appels et de pourvois en cassation, autant que de traités d’économie et de sociologie guyanaise dans les équipes qui travaillent avec nous. Nous nous sentons grandis de l’échange et déjà retrouvons l’envie d’aller écouter les cours donnés dans les salles voisines.

Nous empilons les tables pour recréer un monde. Elles deviennent des cellules multiples sur les murs universitaires. Déjà on imagine les têtes des bagnards qui apparaissent en leur vide, recréant dans nos imaginaires l’horreur des têtes survenues que décrit Londres.

« On n’ouvrit pas la porte, mais le guichet. Une tête apparut comme dans une lunette de guillotine.

– Oui, oui, dit Dieudonné, je suis surpris, je n’avais pas entendu. Je voudrais vous parler. Oui, oui, pas pour moi, mais en général.

Il était forcé de se courber beaucoup. Sa voix était oppressée. Et c’est affreux de ne parler rien qu’à une tête. Je priai d’ouvrir.
On ouvrit. »  – Albert Londres,
Au bagne.

 

Nous avons travaillé avec le groupe d’étudiants sur les Îles du Salut, deux fois trois heures et avons repris le travail trois heures de plus pour explorer ensemble Chez les fous et les passages traitant de la folie d’Au bagne. L’Université a un regard particulier quant à la conjugaison des mots « citoyenneté » et « handicap ». Elle s’attache à ce que le plus d’expériences possibles dans ses murs soient un objet de réflexion. Avec les étudiants, nous réfléchissons, donc, au chemin parcouru depuis que l’Île des lépreux a arrêté d’être un cloaque, un asile, pour devenir la destination des balades en pirogue sur le Maroni.

Le jour de la restitution et du spectacle, ils sont plus nombreux encore à se réunir et à vouloir profiter de notre présence. Ainsi Nédeline est Melle Suzanne, patiente dont la folie se traduit par un amour absolu de son médecin, Lamare, Sterlin et Amos racontent les fous du Bagne, Ruth-Gina et Jeanne nous proposent le cri d’Albert Londres pour la mise en place de véritables processus de soin en psychiatrie.

« Nous vivons sous le préjugé que les maladies mentales sont incurables. Alors, on jette dans un précipice les gens que l’on en déclare atteints. On ne fait rien pour les sortir du puits. S’ils guérissent seuls et que cela se voit trop, on les laisse s’échapper après mille efforts de leur part. S’ils gesticulent, on ne les calme pas, on les immobilise. Pour se mettre en règle avec sa conscience, la société de 1838 a bâti une loi. Elle tient en ces mots : « Ce citoyen nous gêne, enfermons-le. S’il veut sortir, ouvrons l’œil. » Notre devoir n’est pas de nous débarrasser du fou, mais de débarrasser le fou de sa folie. Si nous commencions ? »
– Albert Londres,
Chez les fous.

 

Nous jouons enfin le spectacle et les ombres sont multiples, partout, à chaque tableau différent. Le travail de création de Pierre Valente est mis en valeur et met en valeur Arnaud Redon, le comédien. Le théâtre est une création collective. Ça n’a jamais été aussi vrai. Nous prenons date avec les jeunes, avec le public présent. Nous reviendrons.
Joyeux anniversaire à l’Université de Guyane qui fête cette année ses 10 ans. Nous avons fait notre part, nous reviendrons.
Merci à Florence Faberon pour son énergie et son envie de faire

 

 

Vendredi 17 novembre, nous fonçons à St Laurent du Maroni pour présenter une sixième et dernière fois en Guyane, en 2023, Au bagne. Les trois heures de route sont vite avalées. Nous faisons une simple halte à la boulangerie de Sinnamary. Sinnamary est devenu notre point de repère, le milieu de notre route, un rendez-vous que nous voudrions avoir régulièrement. Nous voulons en savoir plus sur EUDOXIE HERMINE BABOUL, doyenne des français, décédée en 2015. Nous trouvons que l’idée de lui dédier un gymnase dirigé vers la jeunesse est géniale. Nous nous disons que là aussi, nous retournerons.

Enfin, nous arrivons au Collège Albert Londres qui a eu l’amitié et la réactivité de nous recevoir, pour porter la voix du reporter dans le collège qui porte son nom. La boucle est bouclée. Pierre et Fabrice suspende des ampoules sous les tôles du Gymnase. Christophe branche son accordéon, teste le son et se dit que, pour un gymnase, le son n’est pas si mal. Arnaud et Etienne installent les tapis de sol, nous sommes dans un gymnase après tout, et les chaises. Tout sera bientôt prêt et plus de cent vingt enfants profiteront du spectacle. Il pleut à verses. Albert Londres, une sixième fois.

Merci à Mme Sandrine Dumont, principale adjoint et à l’ensemble des équipes logistique et d’entretien qui se démènent pour nous accueillir.

 

Aux Îles du Salut, les larmes, les larmes…

Samedi 11 et Dimanche 12 novembre 2023, Procédé Zèbre a présenté Au bagne devant les cellules du quartier disciplinaire des Îles du Salut, sur l’Île Royale.

Alors qu’ils marchent l’un à côté de l’autre entre les quartiers disciplinaires et les résidences des gardiens pour se mettre en place, Arnaud et Etienne, vêtus en Albert Londres et en porte-clé, se disent qu’il y a sans doute une photo à faire. Ça fait bien longtemps qu’on ne les a pas vus arpenter les allées, les chapeaux à bords larges, les casques coloniaux que l’un et l’autre portent. Là encore, comme à St Laurent du Maroni, les murs accueillent avec émotion et précision les ombres projetées.

Un groupe d’une vingtaine d’étudiants de l’Université de Guyane, accompagnés par Florence Faberon, occupe la salle des hamacs du camps des forçats et participe avec les professionnels du Zèbre de la pièce. Sous les manguiers immenses qui donnent aux capucins et aux agoutis les fruits que les bagnards n’avaient pas le droit de ramasser, ceux-ci participent dans un premier temps à un atelier d’écriture pour dire ce que sont, pour eux, jeunes de toutes les filières et d’âge allant de 18 à 24 ans, les nouveaux Bagne.

« Être enfermé. Être dans un endroit restreint. Ne plus avoir la liberté. Ne plus circuler. Être nulle part et quelque part, sans voix, sans issue, ne pouvoir rien faire. Très éloigné des autres, seul, coupé du monde. Sans porte de sortie, être emprisonné. Être dans le noir. »
– extrait des résultats de l’atelier d’écriture.

Ils participent ensuite à un atelier de théâtre et préparent leur implication dans le spectacle avec Fabrice Dubusset. Au moment où tous entrent en scène, comédiens professionnels et amateurs, ensemble, les dernières lumières solaires parviennent au public installé, une trentaine de chanceux qui dormiront le soir sur les lieux du bagne. Ils sont de Kourou, de Cayenne, d’ailleurs, de loin, de près. La lumière tombe comme l’espoir de partir, les lieux revivent comme ils ne le font que rarement.

Le spectacle commence. Arnaud Redon déclame les mots d’Albert Londres à l’endroit exact où Hespel, dit Chacal, est venu chercher plusieurs hommes et les a emmenés à la guillotine. On entend sa voix. On le voit même, on voit toute l’année qu’il passe à attendre son exécution. Arnaud déclame aussi les mots de Dieudonné dans les cellules qui l’ont reçu, après ses premières tentatives d’évasion. On a rarement senti plus juste et plus nécessaire l’aventure qu’il peint jusqu’au Brésil.

Le lendemain, à l’heure de monter sur la navette, on sent bien l’évidence, les Îles du Salut sont absolument magnifiques mais on ne voudrait pas y rester plus, parce que le bateau s’en va, et que tout y fermé, que des grilles empêchent d’accéder au confort, alors on ne voudrait pas rester une nuit de plus, on veut partir. Les bagnards, Albert Londres et Arnaud Redon quand il les cite ont raison. Il faut partir.

 

 

Le théâtre, une fois de plus, redonne sens aux pierres construites et empêche l’oubli. Il fait revivre ce que d’autres ont vécu. Il permet à la vie de traverser le temps.

« Cher Albert L, nous voici enfermés dans cet endroit. Privés de toute liberté, pas loin de la mer, on entend les vagues mais on ne peut pas se baigner. La mélodie des oiseaux, le vent qui nous caresse la peau nous rappelle notre existence malgré tout.
Le monde de l’extérieur évolue progressivement mais on ne cesse d’être enfoncé dans la terreur, la misère et le noir.
Vous, le porte-parole des désespérés, on veut que notre silence atroce envahisse les oreilles de la société. Plaidez notre cause ! »

« Nous sommes dans un endroit qui ne veut rien dire. Nous sommes dans un endroit sans loi, sans règle. Nous sommes dans un espace où règne le déjà là, l’état de fait. Voilà, voilà, voilà. C’est ça la règle qui n’est pas. L’état de fait.
Si c’est fait, c’est que c’est possible mais peut-être que ça ne le sera plus. Ça, on ne le sait pas. Peut-être, pas sûr. En plus, on ne sait pas d’où ça vient ni comment. La lumière s’éteint et c’est douloureux, et on ne sait pas où ça fait mal. C’est tout.
Nous sommes ici, c’est tout, à ne comprendre que ce qui est, et pas ce qui sera. Nous sommes là mais nous ne voyons pas. Un cercle d’êtres élevés cerne notre regard et qui s’éteint.
Avez-vous déjà connu le silence, monsieur ? Avez-vous déjà connu le noir, monsieur ?
Si c’est là, c’est que c’est possible. Pourtant, ça ne le sera peut-être plus. Comprenez-vous monsieur ? Car, si c’est le cas, expliquez-nous. »

Procédé Zèbre remercie chaleureusement Aurélie Schneider, Victor, Clémence, Sarah, Christophe, Sarafina et tous les bénévoles d’Agamis, ainsi que Florence Faberon et tous les étudiants de l’Université de Guyane qui se sont impliqués dans le projet.

Enfin, nous avons une pensée pour Jean-Michel Delpech, pour le blog qui tient. Merci !

 

Au bagne : le spectacle finit, le spectacle commence

Mercredi 8 novembre, 22h – Camp de la Transportation, St Laurent du Maroni.

Pierre Valente, régisseur, technicien, Géo Trouvetou formidable de la compagnie Procédé Zèbre finit de remettre les ampoules dans leur boîte, et demande au reste de l’équipe qui déjà a fermé les câbles et autres matériels dans d’énormes valises de voyage de tout emmener dans la Case 11 du Camp, sécurisée, gardée et où ampoules, câbles et valises passeront la nuit.

Dans la Case 11, des cinquantaines d’hommes ont passé des nuits innombrables jusqu’à la fermeture des camps. A l’époque aussi la Case 11 était sécurisée et gardée. Aujourd’hui, ce sont les bureaux et les réserves de la direction du Patrimoine de la municipalité de St Laurent du Maroni. On voit encore quelques traces sur les murs intérieurs, des anneaux où les forçats étaient ferrés.

Quelques heures plutôt, à quelques mètres de là, Arnaud Redon, courageux comédien incarnant tant Albert Londres qu’Eugène Dieudonné, a dit le dégoût et l’horreur que Londres a ressenti en découvrant ces cages. « Je n’avais jamais vu des hommes en cage par cinquantaines. » Derrière lui, vingt-six élèves de 1e et de terminale, tous présentant une spécialité théâtre au Baccalauréat criaient leurs mots pour Albert Londres, criaient leur découverte du Bagne et leur imaginaire bagnard : « Monsieur Albert, je suis horrifié… A l’infirmerie, on n’entend que mes gémissements… Sortez-moi d’ici ! »

Les murs du Bagne guyanais sont un théâtre idéal pour écouter les mots de Londres, les mots de leur propre ombre. Etienne Russias, debout, immobile dans la lumière, porte un casque colonial. Les murs n’avaient plus connu cette ombre depuis près de soixante-dix ans. La foule tremble. La Tenciaire pourrait revenir, son ombre plane.

Pour l’instant, le spectacle est fini. On sourit, on se remercie.

 

Jeudi 9 novembre, 10h – Lycée Bertène Juminer, St Laurent du Maroni.

L’équipe de Procédé Zèbre au complet arrive dans la salle de théâtre du Lycée. Ils scotchent des sacs poubelles sur les portes vitrées, et cherchent à faire le noir. Les rideaux bleus, épais et ondulés, sont un défi. Pierre Valente Géo Trouvetou et Fabrice Dubusset réfléchissent. Derrière eux, Christophe Nurit, délicieux musicien, installe des enceintes aux deux extrémités de la salle. Il ouvre les valises récupérées au Camp de la transportation, en sort les câbles qu’il déroule. Il en met partout. On lui dit que le son prend déjà toute la place, que ça suffit les techniciens du son qui n’en font qu’à leur tête et que, quand même, il faudrait laisser la scène au comédien. On rit.

Des guirlandes d’acier sont tendues sous le plafond de la place. Une salle de théâtre devient toute la Guyane, elle devient tous les possibles et tous les paysages qu’Albert Londres et Arnaud Redon peignent ensemble : le kilomètre 10 de la route coloniale numéro 0, les cellules d’Espel, dit Chacal, de Paul Roussenq, les rues désagrégeantes de Cayenne.

Les élèves étudient, sont en cours de maths, de lettres, de théâtre peut-être, ou de sciences naturelles. Bientôt ils rentreront dans leur salle transformée. Ce n’est plus une salle, c’est un monde. Le spectacle peut commencer.

 

 

 

Procédé Zèbre en Guyane // Le travail commence

« Écoute Mr Albert Londres, j’ai la rage. Vous savez pourquoi ? Parce que ces gens-là, à l’extérieur, me traitent comme si j’étais un sauvage. Comme si je n’avais pas de cœur ! J’en ai marre. Et aussi parce que je suis et j’ai été abandonné par le gouvernement. Je suis très triste de savoir que l’être humain peut faire ça à d’autres. Je suis très déçu par l’humanité. »

Le ton est donné ! Lundi 6 novembre 2023, Procédé Zèbre a commencé la conduite d’ateliers au sein du Lycée Bertène Juminer de St Laurent du Maroni. Au programme du jour, trois heures d’écriture et trois heures de travail théâtral pour les vingt-six élèves de la spécialité théâtre de l’établissement.

Ensemble, tous réfléchissent à ce qu’auraient à dire des bagnards nouveaux, de nouvelle génération, enchaînés à d’autres fers que ceux qu’Albert Londres dénonçait il y a 100 ans.

Quels seraient les tatouages que eux, jeunes Saint-Laurentais, feraient poser sur leur peau si, comme les bagnards d’alors, l’encre était une évidence, une occupation, une contrainte peut-être, et sans doute un cri ?

Nous réfléchissons ensemble. Le tatouage a changé, sa vue, sa perception aussi. Ils voudraient peut-être des fleurs au poignet mais aussi le mot Majesté !

Nous réfléchissons à ce qu’est un bagne. Et nous écrivons. L’aventure Guyanaise du Zèbre est lancée.

 

« Le Bagne c’est ma ville.
Le Bagne c’est aussi, peut-être, le 6 novembre.

Le Bagne, c’est des briques cuivre empilées, scellées et qui dessinent sur le sol des trous dans les ombres.
Un 6 novembre, des hommes en uniforme sali, peut-être, les ont empilées ces briques cuivre.
Un 5 novembre, hier soir, les briques dessinent une photo à prendre.

Le Bagne, c’est sombre parce que ça continue et ça tisse de ses murs de briques cuivre des exclaves de nouvelles générations. Ils marchent tête baissée, suspendus inversés à leur filtre bleu.

Les hommes en uniforme sali aussi marchaient tête baissée. Ils souriaient édentés.
Le Bagne, c’est une dent qui s’accroche dans une gencive crade.
Le Bagne c’est la solitude des branlants. C’est long, c’est bien long.
C’est bien long le bagne.

Il voudrait renaître le mur de briques cuivre parce que les racines le poussent et que, doucement, il s’écroule et dessine dans les ombres des croix étendues.
S’écrouler doucement, c’est ça le Bagne.

Être étendu le temps que dure la fin, ouvrir des croix sous les pieds des hommes salis, un 6 novembre ou un 5 novembre, un siècle plus tard.

C’est ça le Bagne, et ça dure. C’est bien long, le Bagne. »

 

 

 

Double réussite des Porteurs de mémoires !

Les Porteurs de mémoires ont été présenté à Brescia et Bergame les 21 et 22 octobre 2023, à l’invitation de la compagnie Lelastiko de la chorégraphe Marina Rossi. Cette double programmation s’est faite dans le cadre du projet Mémoires visibles et invisibles (Memorie visibili e invisibili) et de l’année Bergame Brescia Capitale italienne de la culture. Nous avons eu la chance de le faire dimanche 22 octobre sur les ondes digitales de Indie Life Radio, au micro du formidable Vito Reina.

Les Porteurs de mémoires sont une double réussite parce qu’ils nous forcent, nous qui portons, à trouver quelle mémoire nous souhaitons défendre.
Ainsi, quelques cent porteurs que nous étions entre Brescia et Bergame, nous avons exploré des biographies et en avons discuté ensemble. Plusieurs ont voulu choisir Julian Assange. Tous s’accordent sur l’idée qu’Antonio Gramsci est un très bon choix. On réfléchit à la façon de faire cohabiter mémoires israéliennes et palestiniennes. Côté français, on fouille les biographies numériques d’André Vershuren, de Jean Moulin avant de choisir René Char et Pierre Bressolette.

Par ailleurs, alors que nous marchons, nous entendons les passants surpris lire les noms portés à voix haute et s’étonner. Sur la place principale de Bergame, on entend un groupe de jeunes français lancer « Oh tiens ! Pierre Bressolette… »

Nous voyons lors de nos arrêts les téléphones sortir des poches et l’écran d’accueil de Wikipédia se multiplier sous les doigts. Les Porteurs de mémoires exigent des choix éclairés et la définition par chacun de son propre exemple de résistance, de liberté. Ils confrontent tous les passants à des voix silencieuses et leur proposent le savoir, une entrée éphémère dans l’Histoire. Ils donnent à tous la possibilité de définir sa propre culture de lutte et de confronter celle-ci à d’autres conceptions.

 

Ils sont notre exemple d’incarnation de la Déclaration de Fribourg.
Les Porteurs de mémoires sont un droit. Nous les réclamons !
Qu’ils passent encore dans nos villes et qu’ils donnent envie à d’autres de porter dignement leurs choix.


Crédits :
Programmation et Production : Lelastiko
Metteur en scène : Fabrice Dubusset, metteur en scène et directeur artistique de la compagnie Procédé Zèbre
Compagnie Procédé Zèbre : Fabrice Dubusset, Christophe Nurit, Etienne Russias
Compagnie Lelastiko : Davide Bonetti, Francesca Cecala, Giulia Imberti, Arnaldo Ragni, Giulia Rossi, Marina Rossi, Davide Sforzini
avec la participation des citoyens de Bergame et Brescia et de leurs provinces respectives.

 

                

Bergame et Brescia aux Mémoires portées !

Procédé Zèbre est à Brescia et Bergame entre le 17 et le 22 octobre 2023 pour préparer « Les Porteurs de Mémoires », invités que nous sommes par nos formidables amies de Lelastiko, Compagnia di danza, dans le cadre de Bergamo e Brescia Capitale Italiana della Cultura 2023 (Bergame-Brescia, Capitale italienne de la culture 2023).

Nous arpentons les rues des centres-villes historiques, et découvrons les histoires de fondations, de résistances, des jeunes partisans « Caduti per la liberta » et des pierres discrètes sur lesquelles nous avançons. Nous écoutons les chœurs que nous rencontrons dans la réverbération superbe des églises baroques, et les portes d’acier froid de la prison Sant’Agatha, depuis devenue un lieu de travail artistique et de réflexion sur la carcéralité.

Évidemment, nous n’avons pas résisté à l’envie de chantonner La Belle d’Albert Londres. Il s’agissait d’écouter, même un tout petit peu, notre mémoire vichyssoise résonner sur l’acier d’une autre prison, comme elle résonnerait sur tous les aciers de toutes les portes de tous les lieux d’enfermement.

La Belle ne résonnerait pas sur du polystyrène. Nulle porte de prison n’en est faite.

Ainsi nous traçons notre parcours et le transmettons le soir venu aux dizaines de porteurs volontaires qui dans les deux villes se sont réunis pour être avec nous. Toutes et tous ne se connaissaient pas. Ils se découvrent par leurs mémoires croisés.

Merci à Marina Rossi, Francesca Cekkina Cecala et Arnaldo Ragni qui sont nos guides, qui nous arrêtent tous les mètres ou presque pour nous dire de regarder une histoire, d’écouter une mémoire, une spécificité, comme des secrets aux coins de toutes les rues que toutes et lui, elles et il connaissent pas cœur.

Pendant ce temps, Davide Bonetti et Christophe Nurit préparent la bande originale des porteurs, comme à Water is Memory 2022. Le klezmer accompagnera nos pas.

Rendez-vous samedi 21 octobre 2023 à 16h, Piazza della Vittoria à Brescia, dimanche 22 octobre à 16h, Piazza della Liberta à Bergame.

Quels doux mots d’ordre !
Victoire et Liberté, voilà leur crédo.
Les porteurs arrivent…

 

 

Procédé Zèbre en Mongolie – steppes by step !

Entre le 22 Août et 11 Septembre 2023, Fabrice Dubusset, directeur artistique de Procédé Zèbre, était en mission en Mongolie avec le service coopération du Département de l’Allier représenté par Christophe de Contenson et Véronique Herupe. Il y a 23 ans que la coopération entre le Département de l’Allier et la province d’Övörkhangai est née.

Pendant trois semaines Fabrice Dubusset explore les pistes des projets d’échanges en direction de la jeunesse mongole et française.
Les rendez-vous sont nombreuses et riches : Du ministère de la Culture à l’Ambassade de France, l’Alliance Française, l’Association France-Mongolie à Oulan Bator, ainsi que des responsables culturels de Karakorum, Khurjit, Bat-Ulzii et Arvayheer.
Ces rencontres donnent un immense élan pour développer une nouvelle proposition artistique pour 2024/2025 dédiée à la jeunesse, la francophonie et au travail de mémoire.

Notre processus de travail – que ce soit l’apprentissage du Français par le théâtre, la rencontre des professionnels du théâtre Mongols et Français, la mise en synergie de lycéens et collégiens pour que les amateurs rencontrent les professionnels autour d’un projet fédérateur – reçoit un accueil chaleureux de la part de nos interlocuteurs des différentes institutions scolaires ainsi que des théâtres professionnels de Mongolie.

 

 

Une coopération constructive des cultures pour trouver le chemin de la créativité !
L’histoire riche et profonde de la Mongolie dans cette traversée nomade du temps nous promet une nouvelle aventure humaine remplie de sens, et ouvrant les 5 sens ! En Mongolie les sens sont surdimensionnés, une réalité augmentée naturellement !

Que ce soit par le chant diphonique, le parfum du genièvre de la steppe, le goût puissant des fromages aux différents laits, le mouvement des chevaux dans une danse endiablée, la lumière captivante de l’immensité des espaces naturels … Procédé Zèbre s’est tout de suite senti pleinement en accord avec son travail de mémoire en territoire !

 

 

 

 

 

 

 

 

 


Impressions impressionnantes !

Ce soir-là sous la yourte, on se met à l’abri des fureurs de la guerre, on apprécie la paix en buvant le lait fermenté !

L’esprit présent des immensités des paysages passant du désert au steppes, des montagnes rocheuses nous ouvrent les yeux pour respirer l’esprit nomade dans les yourtes.

Madame Doum est là, elle chante son œil brille comme la lune, elle est la mémoire ! Elle chante comme cette famille nomade, le chant du partage comme la nourriture qui circule inlassablement de mains en mains, solidarité des mets ! solidarité d’aimer !

Dehors les chèvres sont alignées pour la traite, bien en ligne, face à face reliées par une corde qui trace le trait de cette rencontre insolite entre elles. Elles sont tête bêche et une jeune enfant va venir les traire. Mais qu’est-ce qu’elles peuvent bien se raconter ? On les imagine chuchoter à l’oreille l’une de l’autre ou bien se faire passer un message du début à la fin de
leur ligne ? Peut-être qu’elles nous racontent plus à nous qu’à elles !!
L’imagination n’est pas en reste !

Un enfant joue à la balle comme avec une planète ! La planète du futur saura-t-elle prendre soin de cette jeunesse curieuse et en mouvement ?

Une surprise : MOYO un chanteur musicien (qui est venu à Gannat au festival des musiques du monde) joue devant les chevaux … symphonie de la nature, quelle chance d’être là à ce moment précis !

Une danseuse se glisse dans le paysage …

Une impression cinématographique de la Mongolie se dégage et les clichés tombent aussi :
La Mongolie se tourne vers le futur et les signes de cette énergie nouvelle nous encourage à continuer de coopérer encore et encore !