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Une collaboration à long terme avec le lycée Liviu Rebreanu de Hida (Roumanie)

« Notre lycée se réjouit d’une collaboration à long terme avec la Compagnie Procédé Zèbre – compagnie de théâtre basée à Vichy, en France.

Notre collaboration a débuté en 2014 et depuis tous les projets, toutes les activités que nous avons planifiées et réalisées visaient l’enseignement de la langue française par le théâtre. Le théâtre offrait l’opportunité de côtoyer de jeunes lycéens avec des comédiens professionnels, des artistes (acteurs, chanteurs) et de créer des représentations théâtrales dans les endroits les plus inattendus : le sous-sol d’un musée (Cluj Art Museum – Napoca), une forteresse (Aiud Fortress ) , un château (château de Bran), un pénitencier (pénitencier d’Aiud), un stade (stade du lycée hongrois d’Aiud), une bibliothèque (bibliothèque municipale de Zalău, bibliothèque de Hida). Le thème des spectacles s’est également enrichi au fur et à mesure de la collaboration.

Toutes les expériences nous ont donné envie de poursuivre la collaboration pour élargir les projets, enrichir les expériences théâtrales et en même temps transmettre la mémoire collective.  Pour réussir, la Compagnie Procédé Zèbre représentée par le directeur artistique Fabrice Dubusset (cerveau, cœur et moteur du groupe) a imaginé et mis en pratique un projet Erasmus+, Wim Laboratories Juvenis. Ce projet a couronné les efforts et les succès de toute la période de collaboration. »

[…]

 

 

Daniela Ardelean, professeure au lycée Liviu Rebreanu de Hida, en Roumanie,
décrit dans deux articles la collaboration entre son école et Procédé Zèbre –
quelle belle chronologie d’un fil rouge !

–> CHRONOLOGIE D’UN „FIL ROUGE”

–> MÉMOIRE, HISTOIRE.

 

 

 

 

 

Deuxième réunion transnationale // Passionnants débats !

Dimanche 16 juillet, nous nous rassemblons au petit matin dans le cadre de l’Université de sciences agricoles et de médecine vétérinaire de Cluj-Napoca pour la deuxième journée de la deuxième réunion transnationale du projet WiM Laboratories Iuvenis II. Les arbres nous entourent, on reconnait les chênes et les tilleuls (voir photos). C’est un peu comme si la Bosnie et la France nous attendaient pour notre journée de travail.

Celle-ci commence par une présentation par Cristina Pocol et Mihaela Mihai de la dynamique de l’Université. Toutes et tous, nous restons stupéfaits et comprenons l’intérêt que porte l’université à notre dynamique de recherche et d’expérimentation.

Au-delà d’avoir développé un centre de réussite universitaire soutenant les étudiants des filières francophones de l’Université et un bureau de la Francophonie unique en Roumanie, les laboratoires de pédagogie publient régulièrement des articles quant aux leviers de réduction de l’anxiété relative à l’apprentissage des langues étrangères.

Déjà, dans toutes les filières, les professeurs essaient de trouver de nouvelles méthodes pédagogiques pour que les étudiants s’engagent assidûment dans l’apprentissage des langues et surtout, qu’ils prennent la parole. Une langue, avant même de s’apprendre, ça se parle. Comment peut-on ne pas dire aux élèves que dans les langues étrangères, les locuteurs font des fautes, comme eux dans la leur ? glisse une professeure de langue présente.

Mihaela Mihail nous donne les références de récentes publications sur le sujet au sein de l’université et nous glisse que les recherches sur l’Anxiété langagière sont relativement nouvelles mais qu’elles abondent maintenant dans de nombreux pays.
Ainsi, relève-t-on les propos de la chercheuse polonaise Sylwia ŁUSZCZYŃSKA :

L’apprentissage des langues est un processus extrêmement complexe qui est en outre compliqué par les différences individuelles des apprenants et par leurs différents environnements sociaux et culturels. Les résultats des recherches […] indiquent que l’anxiété est un problème important pendant les classes de français oral pour des raisons affectives, linguistiques et socioculturelles. Par conséquent, des stratégies efficaces doivent être recherchées pour aider les apprenants à réduire leur anxiété afin qu’ils puissent maîtriser la langue cible, ce qui est l’objectif final de l’enseignement et de l’apprentissage en classe. Une parfaite maîtrise, cependant, ne peut être réalisée qu’à travers la communication. Il est donc essentiel de continuer les recherches dans ce domaine et d’explorer ces questions dans des situations différentes. En comprenant mieux ces deux questions, l’enseignement et l’apprentissage du français oral ou d’autres langues étrangères seront finalement améliorés.

Source : Impact de l’anxiété sur l’apprentissage des langues, ŁUSZCZYŃSKA, Sylwia, PRACE NAUKOWE Akademii im. Jana Długosza w Częstochowie Studia Neofilologiczne 2017, z. XIII, s.129–146 : http://dlibra.bg.ajd.czest.pl:8080/Content/4360/11.pdf (Consulté le 20 juillet
2023).

Comprenant le champ de recherche dans lequel nous nous inscrivons, nous touchons à un des grands buts du projet WiM Laboratories Iuvenis II, participer du développement d’un savoir en pédagogie, basé sur l’expérience empirique théâtrale et les observations qu’on peut en tirer.

Nous écoutons alors les mots des professeurs de lycée et découvrons à Aiud, à Hida, en Autriche, en Allemagne, que des jeunes ont envie de se lancer dans l’apprentissage du français parce que la rencontre, au fil des années, avait eu lieu avec Fabrice Dubusset, avec Arnaldo Ragni, que la connaissance concrète de comédiens, de musiciens et de metteurs en scène proposant une approche exigeante constituait une proposition assez séduisante pour la langue française et pour l’engagement dans celle-ci : Tous veulent apprendre. Tous veulent découvrir car tous veulent jouer.

Sans doute nos résultats doivent-ils êtes étayés par une série d’entretiens qualitatifs menés par l’université auprès des professeurs et des étudiants, sans doute aussi sont-ils en partie biaisés par le fait que les groupes sont constitués de volontaires désireux de s’engager dans l’exercice théâtral.

Toutefois, il est clair que l’expérience sociale et vécue dont témoigne les participants : Vous avez changé ma vie, je veux continuer le Théâtre. P. d’Aiud, 18 ans., forme un déclencheur, comme une gâchette qui lance une énergie nouvelle. Celle de la curiosité, de la confiance en soi quant à sa capacité à parler en public et à dire dans quelque langue que ce soit. Cette expérience est une promesse qui bien souvent dépasse la simple envie de voyager ou d’aller découvrir une ville étrangère. Quand elle est vécue une première fois positivement, l’expérience de la pratique artistique, puissante, enivre et suscite son propre-renouvellement. Serait-ce là une énergie perpétuelle accessible ?

Par ailleurs, nos expériences nous montrent l’importance des interstices dans le processus de création du groupe. Laissant du temps au groupe pour être lui-même, nous lui donnons l’espace pour corriger ses propres défaillances. Le groupe sait, si on lui fait confiance et si on exige de lui
l’intelligence, ce qui lui manque et comment corriger ses propres égarements.

Expérience sociale et interstices, voici nos premières conclusions quant aux mots à utiliser dans la théorisation de nos résultats. Sans doute n’est-ce pas suffisant et peut-être pas adapté à tous les élèves. Les parcours universitaires et éducatifs doivent poursuivre leur mue dans chacun de leurs aspects. L’acte artistique semble être une proposition crédible pour intégrer ces formations en devenir. Ça, au moins, nous en sommes sûrs.

(Crédits Photos : Daniela Ardelean et Vesna Scepanovic.)

Les Jeunesses en Scène, WiM 2023.

Lundi 22 mai, les deux salles du Centre culturel de Vichy ont résonné des mots des six performances présentées dans le cadre de la deuxième participation apprenante de jeunes européens au festival Water is Memory.

Le groupe de l’Agence pour la Démocratie locale de Zavidovici a été particulièrement remarqué par la mise en scène qu’il a offert, signée par Nusmir Muharemovic, et le chant d’Adna Marušić devant une danse traditionnelle, arrachant des larmes à torrent à toute l’assemblée. Les jeunes de l’IISS des Ambrois d’Oulx ont offert un spectacle absurde et drôle sur le thème des voyages en train, alors que les étudiants roumains de l’Université de Cluj-Napoca ont choisi de reprendre un texte de théâtre contemporain dans une mise en scène adaptée pour l’occasion.

Un public nombreux a ainsi voyagé de la Roumanie de Ceausescu à la guerre civile en Bosnie-Herzégovine en passant par les voyages piémontais, les fruits d’exil offerts par la troupe d’Almateatro et la beauté, dite sur scène par un groupe de jeunes allemands, ukrainiens, turcs et français.

La soirée s’est finie devant les portes du Centre culturel. Toutes et tous dansaient et chantaient, riaient énormément, ivres de leur réussite et d’avoir montré devant une foule riche qu’ils sont capables de théâtre, qu’ils sont théâtre.

 

Lycée technologique Liviu Rebreanu, Hida, Sălaj, România

Wastawaç

 

Distribution : Carla – Maria Gog, Raluca – Iulia Morar, Roxana – Maria Mureșan, Anamaria – Larisa Pop, Giulia – Sara Prodan, Daiana – Miruna Damșa

Mise en scène : Arnaldo Ragni, avec la complexité de Fabrice Dubusset.

Encadrement : Călin – Andrei Mateiu (Proviseur), Ioana – Daniela Ardelean

La région de Salaj et Hida étaient des centres juifs très importants avant la Seconde guerre mondiale. Sur scène, les élèves portent les noms de personnes ayant vécu, mais n’ayant pas survécu aux rafles ordonnées par le gouvernement hongrois, allié des nazis.

Agence pour la Démocratie locale, Zavidovici, Bosnie-Herzégovine.

Ko je kriv?

 

 

Distribution : Faris Starčević, Adna Ajanović, Adna Marušić, Ilma Mahmutović, Ajdin Mujkić, Nadina Šehić, Hana Marušić.

Mise en scène : Nusmir Muharemović.

Encadrement : Sladjan Ilic, Dino Sinanovic.

Notre spectacle est basé sur des thèmes qui représentent la tradition, la culture, le passé et la migration de la Bosnie-Herzégovine. La première partie montre l’enfance innocente et joyeuse des enfants bosniens. Tout à coup, de terribles événements conduisent à la dissolution de notre État. La seconde partie exprime les émotions liées à la perte d’êtres chers et le sentiment de solitude.

Notre coéquipière, Adna Marušić, a écrit un monologue sur la situation d’une fille bosnienne fière. Nous nous sommes levées, fières et sûres de ce que nous voulions. Au moment où personne ne s’y attendait, nous sommes sorties de nos tombes. Plus fortes que jamais, nous étions prêtes à nous battre pour notre justice. Nous avons fait preuve de défi en chantant une chanson intitulée « Qu’il n’y ait pas de guerre » (« Samo rata da ne bude »).

Pendant qu’elle chante une sevdalinka (chanson) traditionnelle, « Anadolka », on peut voir la danse folklorique traditionnelle « Kolo » derrière elle. La dernière partie résume les difficultés de notre pays qui provoquent des migrations de Bosnie pour une vie meilleure.

Après avoir vécu dans des pays étrangers, ils ont réalisé que la patrie n’existe pas. Hana Marušić a exprimé ce sentiment dans son propre monologue. »

 

Almateatro, Turin, Italie

R-ESISTENZA Spettacolo teatrale

Distribution : Ayoub Moussaid, Caterina Illario, Mariapia Basile, Hasti Naddafi, Luca Fancello, Berivan Görmez, Giovanni Gobetti, Vesna Scepanovic.

Mise en scène par le groupe lui-même.

Encadrement : Vesna Scepanovic et la troupe professionnelle d’Almateatro.

Aucune ville n’est née comme un arbre, toutes ont été fondées un jour par quelqu’un venu de loin. Peut-être un roi. Un roi mendiant chassé de sa patrie et qui ne veut d’aucune autre patrie… et quand j’entrais dans la ville, je savais déjà, aussi compatissants que fussent ses habitants, aussi bienveillant que fût le sourire de son roi, je savais bien qu’ils ne nous donneraient pas la clé de notre maison.

Jamais personne ne s’est approché de nous en disant « voici les clés de votre maison… Vous n’avez qu’à entrer ». Il y a eu des gens qui nous ont ouvert la porte et nous ont fait asseoir à leur table, nous offrant une bonne réception, et même plus encore. Mais nous étions malgré tout des invités, des personnes invitées. Nulle part nous n’avons été accueillis pour ce que nous étions vraiment…

des mendiants, des naufragés jetés sur la plage par la tempête, tels une épave qui est aussi un trésor. Personne ne voulait savoir ce que nous venions demander. Ils supposaient en effet que nous venions demander, puisqu’ils nous donnaient tant de choses, nous comblaient de dons, nous couvraient de leur générosité presque pour ne pas nous voir.

Mais ce n’était pas cela que nous demandions, nous demandions qu’on nous laisse donner. Car nous apportions avec nous quelque chose que personne ne possédait, ni là, ni ailleurs, où que ce soit. Quelque chose que les habitants d’aucune ville, « les établis », ne possèdent pas… quelque chose qui appartient uniquement à ceux qui ont été arrachés à la racine, …

L’errant… Celui qui se retrouve un jour sans rien sous le ciel et sans terre, celui qui a éprouvé le poids du ciel, sans la terre qui le soutienne.

« La tombe d’Antigone » – Maria Zambrano

 

Université des sciences agronomiques et vétérinaires, Cluj-Napoca, Roumanie.

Complexul România – Le Complexe Roumanie

Distribution : Alexandra Maria Criste – la mère ; Maria Lehovida – Mircică, Georgică ; Raul Gabriel Grigore Indrea – le père ; Denisa Gomboș – Georgică, Mircică ; Bianca Obreja- la grand-mère ; Maria Cibanu- la mère ; Adela Maria Neag – la mère de Georgică,  la mère de Mircică ; Raul Stan- l’agent de la Securité, Georgică ; George Marius Ciolpan – le père, l’agent de la Securité.

Mise en scène : Fabrice Dubusset – Texte de Mihaela Michailov

Encadrement : Mihaela Mihai (Professeure d’université). (Nos pensées vont à Cristina Pocol).

Les étudiants de Cluj présentent une pièce de théâtre contemporaine, axée sur la période communiste du dictateur Ceausescu, vue à travers le regard d’une enfant : Georgică. L’autrice a ressenti la nécessité d’un texte sur son parcours, sa famille, le regard des autres… Sans complexe elle aborde la Securitate, la révolution nationale et aussi le devenir économique du pays où de nombreux roumains ont été dans l’obligation de trouver du travail à l’étranger…

 

Istituto Istruzione Superiore Statale Des Ambrois, Oulx, Italie.

Où que je sois

 

Distribution : Alessandro Calvi, Grazia Garrisi, Ingrid Bordianu, Ioana Branzei, Isabell Alexa, Maëlys le Roy, Mariachiara Laudisi, Martina Peluso, Matteo Maggio, Miriam Fusco, Murielle Akpagnonite, Rebecca Alexa.

Encadrement : Silvia Massara, Annalisa Marchioni

Mise en scène par le groupe lui-même, avec la complicité de Fabrice Dubusset.

Voyager nous fait partager avec les autres ce que nous sommes et nous demande donc de nous interroger, d’etre vrais, justement nous et pas d’autres. Une gare est un lieu où on décide d’aller parce que c’est de là qu’il faut partir, un lieu où acheter un journal pour se sentir partie du monde, où des rencontres et des possibilités prennent vie, un lieu où regarder le panneau des horaires pour rêver… Une gare est un lieu de passage où chaque passage se fait mémoire.

 

Hohenzollern-Gymnasium, Sigmaringen, Allemagne

Un monde nouveau

Distribution : Irem Sahin, Elif Ayhan, Nele Zimmermann, Selissa Vidmar, Aylin Fölker, Ruslan Shanovskyi, Vlad Verbovskyi, Vova Verbovskyi, David Richter, Begüm Erdem, Xenia Müller, Presiyana Zlateva, Cristina Tamas, Eftelya Kaymakci, Gabrielle Micaud, Hildelisse St-Gérand, Pierrick Boissonnet.

Encadrement : Annemarie Kastelsky, Stefanie Bisinger

Mise en scène par le groupe lui-même, avec la complicité de Fabrice Dubusset.

La beauté de la vie est inchangée, peu importe où, qui, avec qui ou pourquoi nous sommes. Que l’amour que nous pouvons tirer de cette beauté soit perçu et répandu, c’est l’œuvre de chacun d’entre nous.

Le débat des jeunesses, Saison 2 : La Paix.

Les jeunesses européennes, au-delà de leur place dans la programmation du festival Water is Memory, sont invités à réfléchir ensemble à ce qu’ils font. Le grand rendez-vous des jeunesses est, pour toutes et tous, l’occasion de réfléchir et de construire ensemble une réponse à un sujet complexe, cette année Le Théâtre permet-il la paix ?

Les élèves français, italiens et bosniens, encore à Vichy ce mardi 23 mai en fin de matinée, se sont unis dans la salle de travail de Procédé Zèbre pour trouver ensemble des réponses. Mélangeant leurs langues, mélangeant leurs idées et la diversité de leurs expériences, ils ont construit des réponses comme on construit un poème, en faisant se frotter des mots qui ne se comprennent pas.

L’amour aide à surmonter sa timidité

Comme un public sans spectacle.

 

Friendship needs ascolto.

Mir cini Jednstvo.

 

L’arte e silenzio.

Le silence est art.

 

 

 

« Dans mon groupe, évidemment, certains participants parlaient peu, il a été très difficile de les mobiliser. Ils étaient timides, mais notre écoute a été active et chacun a réussi à trouver sa place.

Ce qui a rassemblé notre réflexion, c’est l’idée que la paix ne s’obtient pas facilement. Elle nécessite un long travail, un engagement de tous les instants, et reste incertaine. Elle n’est pas un objectif facile. Ainsi il en va du théâtre. C’est bien pareil, au fond. » – Silvia Massara, professeure de français à l’IISS des Ambrois d’Oulx.

 

« Tous les participants parlaient les uns avec les autres, toutes et tous ont exprimé leur pensée. Évidemment, ce n’était pas facile pour les plus jeunes… mais tout de même. Tout le monde a pu parler ensemble.

Pour répondre à la question finale, Le Théâtre permet-il la paix ?, nous n’étions pas tous d’accord. Nous avions même des points de vue très divergeant. Toutefois, nous avons pu nous accorder en individualisant le problème. Tout dépend de celui qui exprime un message. De celui qui fait théâtre et de son envie de paix. » – AnnaLisa, professeure de biologie à l’IISS des Ambrois d’Oulx.

Un moment très fort de ce débat restera la prise de parole d’Ilma, du groupe bosnien de Zavidovici, et qui explique que la paix n’a pas le même sens pour tous. Sur le mur Sud du Centre culturel de sa ville, on a gardé un impact d’obus de tank. Le théâtre ne l’a pas arrêté, mais le théâtre s’est arrêté de fonctionner quand les tanks sont arrivés.

Est-ce que le théâtre ne peut rien ? Ou est-il une nécessité à la paix ? Comme un passage obligé qu’il nous faut considérer ? Et si l’urgence était de jouer, partout et tout le temps, et surtout pour celles et ceux qui se battent à nos frontières ?

Les jeunes européens vous posent la question. A vous d’y répondre.

Les jeunesses à Vichy. Épisode 2.

Du 16 au 24 mai, ils sont 58 jeunes venant de Roumanie, de Bosnie-Herzégovine, du Piémont et d’Allemagne à Vichy, à travailler avec les jeunes de l’Institution St Joseph de Cusset, avec Procédé Zèbre à multiplier les programmations du festival Water is Memory.

6 Jeunes lycéennes viennent de Hida en Roumanie, et voyagent avec 9 jeunes de l’Université de Cluj. Ensemble, ils parlent des performances préparées pour le festival bien sûr, mais aussi d’orientation, des études qu’il est possible de faire à Cluj, et de leurs idées pour l’avenir. Sept jeunes viennent de Zavidovici en Bosnie-Herzégovine, eux n’ont jamais eu de cours de français, aussi ils ont un peu de mal avec la langue mais ne désespèrent pas. Une d’entre eux dit : « Avec du temps, de la patience et de la positivité, même les français peuvent comprendre l’anglais ! » Les roumains rient avec eux.

Des lycéens d’Oulx ont rencontré à Vichy de jeunes comédiens encadrés par la troupe AlmaTeatro de Turin, entre Piémontais ils se comprennent, mais surtout parlent des migrations qui composent leurs deux groupes. Les Turinois viennent du Maroc, de Rome, d’Iran ou d’ailleurs, les oulxiens viennent de Roumanie, de France, et même de Turin parfois.

Enfin, le groupe de 14 jeunes allemands, composé entre autres de jeunes germano-turques, de jeunes ukrainiens, et d’une roumaine, échange avec tous les autres groupes, essaie d’apprendre des mots de bosniens, de roumains, de français aussi.

Jeudi 18 mai, ils sont tous rassemblés pour le concert d’Atomic PingPong, et ils dansent énormément. Ils dansent à n’en plus finir. Ils s’essoufflent. Les plus jeunes vont au lit à 23h. Raul, un étudiant roumain, dit qu’il adore les concerts français, même si c’est le seul qu’il ait vu de sa vie, et même s’il n’a rien compris aux paroles. Il demande quand même au groupe s’il peut devenir leur impresario en Roumanie.

Vendredi 19 mai, les répétitions se multiplient, les groupes s’entassent dans les couloirs du Zèbre, les locaux de stockage et de répétition de la compagnie. Toutes et tous ont des chapeaux de toutes les couleurs, des vêtements d’un autre temps. On croise des hommes élégants, portant chapeau haut-de-forme, canne et téléphone portable. On aperçoit une grande dame, jeune roumaine à talon haut, fine dans une robe de soie bleue, à petit chapeau penché comme on est dans les romans de Zweig ou de Dostoïevski, et qui fait des stories sur Tiktok.

Toutes et tous marchent dans les rues avec Lucie Durand, élève de Cusset et qui vient prendre part aux activités avec nous. Lucie dit : « Quand on est dans le projet Erasmus+, c’est pour tout faire ! Moi, j’anime la visite, je viens jouer et marcher et me balader. Je suis là pour tout, et pour tous… et pour toutes aussi ! »

Enfin, en fin de journée, tous les jeunes sont reçus dans le salon d’honneur de la Mairie de Vichy, par Mr l’adjoint au maire délégué aux relations internationales qui les accueille en allemand, en anglais, en italien et en français, et par les conseillères municipales déléguées à la Culture et à la Mémoire. Tout le monde est beau. On se prend en photo et on chante dans 6 langues différentes Joyeux anniversaire pour tous ceux qui le fêtent là.

Les jeunesses sont à Vichy et donnent rendez-vous à tous les publics pour deux performances exceptionnelles, le dimanche 21 mai, 80 porteurs de Mémoires marcheront dans les rues de la ville. Le lundi 22 mai, les jeunes présenteront les performances préparées dans leur territoire. Le Centre culturel de Vichy sera plein.

Elles ont hâte. Nous aussi.

Les laboratoires roumains en route pour leurs venues à Water is Memory 23.

Du 25 au 29 Avril 2023 Arnaldo Ragni et Fabrice Dubusset ont accompagné les jeunes du lycée Liviu Rebreanu de Hida et les étudiants de Cluj de l’USAMV dans leur processus de création.

Le travail à Hida a permis de préparer la performance que les jeunes lycéens présenteront au Centre culturel de Vichy le lundi 22 Mai, de les confronter au travail de chœur. Silhouettes fantomatiques, ils ont tour à tour imaginé sortir de terre, devenir une bougie, se transformer en papillons…et dit les mots de Primo Levi

Considérez si c’est un homme
Que celui qui peine dans la boue,
Qui ne connaît pas de repos, Qui se bat pour un quignon de pain,
Qui meurt pour un oui pour un non.
Considérez si c’est une femme
Que celle qui a perdu son nom et ses cheveux
Et jusqu’à la force de se souvenir,
Les yeux vides et le sein froid
Comme une grenouille en hiver.
N’oubliez pas que cela fut…/… Répétez-les à vos enfants.

 

A Cluj, les étudiants de l’université étudient « Le complexe roumanie » de Mihaela Mihailov : ou l’occasion de revenir sur l’histoire roumaine du quotidien, vécue à travers une famille pendant la période « Ceaucescu », puis la révolution de 1989 et enfin aujourd’hui .
Ils ont réussi à trouver une langue commune entre le français et le roumain : l’émotion !
Chacun leur tour, ils sont rentrés dans la peau des personnages, incarnant avec une volonté résistante les mots de Mihaela Mihailov.
Une répétition publique à l’université a été organisée devant d’autres étudiants, un moment d’échange très fort ! La mémoire vive donne des frissons !

Extrait – La recette des Galoushkas :
LA GRAND-MÈRE :  Je prépare les galoushkas avec des œufs, de la semoule, du sel et du bicarbonate. Le bicarbonate les rend moelleuses. Les galoushkas ne doivent être ni trop molles, ni trop dures – tant que la petite cuillère reste droite (pour deux œufs mettre environ 150-200 grammes de semoule – ça dépend aussi de l’œuf et de sa taille). Je laisse reposer cinq minutes la composition, après quoi je la mets dans la soupe à la petite cuillère. 
Je couvre avec un couvercle et je laisse cuire jusqu’à ce que les galoushkas deviennent moelleuses. Tu les testes avec une fourchette. A la fin, après avoir éteint le feu de la soupe, tu rajoutes le persil aussi, finement coupé. Pour détacher plus facilement les galoushkas de la petite cuillère, tu les amollis dans la soupe brûlante ! Georgica, ça va être dur pour toi là-bas. 
« Complexul romania » Mihalea Mihailov

Par vagues !

Les laboratoires jeunesses continuent d’explorer les mémoires à Brescia, par des vagues successives de théâtre et de danse sous le roulis des compagnies Lelastiko et Procédé Zèbre.

Les jeunes du Lycée Saint Pierre de Cusset et les jeunes de Brescia ont surfé du 17 au 21 Avril sur des vagues de plaisir partagé à 23 sur scène, vagues à lames tranchantes du travail de mémoire, tranchante de la profondeur de l’histoire. Les mots des poètes deviennent des bouées de sauvetage pour incarner la liberté d’être et de vivre ensemble.
« La mer est ton miroir ; tu contemples ton âme dans le déroulement infini de sa lame, et ton esprit n’est pas un gouffre moins amer./. » Baudelaire.

Vagues de frissons au moment de la restitution publique devant une nombreuse assemblée, plage d’applaudissements nourris par l’émotion des jeunes actrices et acteurs incarnant tour à tour l’exil, la solidarité, le refuge , la mer, un choeur de vagues qui inlassablement nous rappelle que la mémoire revient sans cesse, métronomique, changeant d’intensité, gardant toujours une unique direction pour se fracasser sur le sable des idées reçues…

Ce travail s’inscrit dans le programme Brescia Bergamo – Capitale culturelle Italienne 23 et dans le projet « Les mémoires visibles et invisibles » porté en 2023 par la compagnie Lelastiko.

Le travail de la semaine a été ponctué par :
Une rencontre publique organisée par IDRA Teatro à la Moretta Cavour pour revenir sur le programme « LABORATORIES IUVENIS II » soutenu par l’union européenne (Programme Erasmus +).

Merci aux professeurs du lycée Saint Pierre : Carole et Catherine.
Merci à Marina Rossi , Arnaldo Ragni !
Merci au Vulcano Studio pour son accueil !
Merci au Tiramisu d’exister pour Sanae !

Vichy-Sigmaringen, Le Lien se tisse.

Du 22 au 25 mars, Procédé Zèbre était à Sigmaringen pour poursuivre le travail commencé en novembre autour des exils et des migrations.

 

Quatre jours de travail intensif avec un groupe de treize jeunes allemands, ukrainiens, turcs … et trois français du Lycée Saint Pierre de Cusset.

Quatre jours pour parler donc, travailler, jouer, improviser, échanger, quatre jours dans la diversité de nos cultures redonnent l’énergie de s’emparer de sujets complexes, des conflits et des migrations.

Ensemble, le groupe dirigé par Fabrice Dubusset et accompagné par les professeures de français a travaillé plusieurs séquences pour le festival Water Is Memory à Vichy. Elles ont été jouées devant un public enthousiaste au Gymnasium Hohenzollern de Sigmaringen.
Leur chœur fait du bien ! Ensemble, ils ont appris une danse turque, ils ont hâte de vous rencontrer pour vous la proposer !

ETAJUL 5 : Vive Roumanie !

Pendant trois jours, du 14 au 16 mars, Procédé Zèbre était à Cluj avec le groupe théâtre de l’université Agricole et Vétérinaire. 

Trois jours à travailler autour du texte de Mihaela Michailov « Le complexe Roumanie ».
Trois jours pour entendre les textes en roumains puis en français et adapter dans les deux langues les ressorts dramatiques de chaque séquence, ils seront proposés pendant le festival Water is Memory à Vichy . 
Trois jours de travail avec les jeunes acteurs pour dessiner les contours de l’espace des mots, de la mémoire et de la liberté de l’exprimer !


 
Cassandra , Les deux Raul , Adela, George, Denisa, les deux Maria , Bianca et Alexandra ont hâte !! Nous aussi !
 Merci à Cristina et Mihaela pour leur accompagnement ! 
 
LA GRAND-MERE : « J’ai mis un mot. Respecter le silence après 21 heures. Silence. Vous comprenez ? Le plus grand silence ! Il ne faut pas déranger nos voisins. Silence et propreté. Nous vivons dans un immeuble. L’immeuble est un collectif. Notre devoir est d’être des citoyens responsables dans notre immeuble. Hier, quelqu’un a arraché la fleur du hall. J’ai mis un mot : Celui qui a arraché la fleur est un homme méchant. Nous l’interrogerons à la prochaine assemblée générale du comité de l’immeuble ! Pourquoi avoir arraché la fleur ? Qu’est-ce qu’il t’a fait ce ficus ? Ton devoir est d’être un bon locataire. Bon et honnête. Bon envers l’immeuble. Honnête envers toi-même. Ton devoir est de respecter le silence. Un grand silence. Le plus grand silence. Dans l’immeuble il y a beaucoup d’enfants. Les enfants doivent dormir. »
– Extrait de « Complexul Romania » Mihaela Michailov .

Complexe Roumanie

Du 31 janvier au 3 février la compagnie Procédé Zèbre était à l’USAMV (Université Agricole et de Médicine Vétérinaire) de Cluj avec 10 étudiants du groupe théâtre , un groupe motivé et impatient de commencer le travail autour du texte de Mihaela Michailov « Complexul Romania », une pièce de théâtre contemporaine, axée sur la période communiste du dictateur Ceausescu, vue à travers le regard d’un enfant : Georgescu . L’autrice a ressenti la nécessité d’un texte sur son parcours, sa famille, le regard des autres… Sans complexe elle aborde la Securitate, la révolution nationale et aussi le devenir économique du pays où de nombreux roumains ont été dans l’obligation de trouver du travail à l’étranger…

Avec joie et plaisir de jouer en roumain et aussi en français, le groupe universitaire a pendant trois jours exploré les personnages, les motivations de chaque séquence et insufflé leur dynamique de jeu dans cette performance qu’ils vont présenter en Mai à Vichy pour le festival Water is Memory et aussi en Juillet à Cluj pour la rencontre transnationale des partenaires des différents pays du programme « Laboratories Iuvenis II ».

« Dans la prison Doftana ils m’ont mis un foulard et m’ont dit d’être fier. Et je l’ai été́… Je jure sur l’honneur d’accomplir mes devoirs de pionnier de la République Socialiste de Roumanie. Camarade Nicolae Ceausescu, nous, enfants de Roumanie, vous remercions. Mais de quoi ? Maman dit que ce sont des questions à ne pas poser. Tu apprends et tu répètes. Maman est professeur. Le pionnier est l’avenir de la nation. Aujourd’hui pionniers, demain jeunes communistes. Après-demain héros. Papa serait-il héros ? Quand je lui demande, il ne me répond pas. Papa est ingénieur. Je serai éclaireur, tu seras éclaireur, il, elle… Camarade… Nous serons éclaireurs… Nicolae… Porte-flambeaux… Ceausescu… Les lettres glissent. »
– Extrait de « Complexul Romania », de Mihaela Michailov.