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Le projet européen à Izieu pour les Journées de la Mémoire 2024

Du 4 au 7 avril 2024, la Maison d’Izieu a accueilli plus de 2 000 personnes pour commémorer le 80e anniversaire de la rafle du 6 avril 1944. Autour des anciens enfants d’Izieu, les hommages furent nombreux et divers. Nous y avons participé avec 102 jeunes du projet « Laboratories Iuvenis » avec une performance et des discours. C’est la première fois que tous les partenaires du programme Erasmus+ se retrouvent ! Une veritable joie pour tout le monde !

Jour #1, Mercredi : La classe « Audace artistique » du lycée Belley est déjà en plein travail théâtral lorsque l’équipe de Procédé Zèbre et du lycée Saint-Pierre arrive sur le Camping de l’Île de la Comtesse, notre lieu d’accueil pour les cinq prochains jours. Petit à petit, les autres groupes arrivent : le groupe du Hohenzollern Gymnasium et du BRG Perchtoldsdorf, puis les jeunes de Brescia accompagnés par la compagnie de danse Lelastiko. Tard dans la soirée, un grand bus ramène le reste : les groupes d’Almatatro de Turin, les jeunes de l’Agencija lokalne demokratije de Zavidovići, le Liceul tehnologic Liviu Rebreanu de Hida, le Colegiul National Titu Maiorescu d’Aiud et l’Universitatea de științe agricole și medicină veterinară de Cluj-Napoca. Nous étions complets : 96 jeunes, 25 encadrants, de six pays européens.

Jour #2, Jeudi : Dès le réveil, les répétitions commencent. Pour la commémoration à la Maison d’Izieu jeudi, chaque groupe a écrit un texte sur les enfants d’Izieu dans sa langue maternelle. Certains jeunes participent également à la lecture des noms des 51 personnes arrêtées à la colonie et déportées. Les textes émouvants sont présentés en roumain, italien, allemand, bosnien et français.

Per pochi mesi la Maison diventò un porto sicuro, lontano dalla morte,
dalla sofferenza, dal dolore, dove i bambini erano liberi di essere sé stessi:
correvano, giocavano, disegnavano, scrivevano biglietti e lettere.

Rămas bun, copile, ce mai ieri țeseai vise din fericiri și azi te plângem în neștire,
pentru ceea ce puteai fi!

Mă doare să văd ce s-a întâmplat în Izieu. 

Nous étions 44, 44 enfants âgés de 5 à 17 ans, nous étions différents mais identiques.

So etwas darf NIE WIEDER passieren! 

Ponavljamo ono jedno te isto „nikad više“. 

Mon coeur saigne des larmes de tristesse pour ces enfants assassinés injustement.

Împreună suntem puternici.

Racconta che senza i sogni innocenti dei bambini non c’è futuro.

Wir bewundern die Menschen, die es gewagt haben,
diese Kinder zu verstecken und sich für sie einzusetzen. 

Mentre fai le tue guerre, pensa agli altri,
non dimenticare coloro che chiedono la pace.

Aperçu des textes émouvants, présentés en roumain, italien, allemand, bosnien et français. 

Ensuite, la parole est donnée à d’autres invités, comme Diane Fenster, ancienne enfant d’Izieu, confiée à une famille d’accueil par Sabine Zlatin. Aujourd’hui âgée de 82 ans, elle partage avec le public ses émotions fortes liées à ce lieu qui a sauvé sa vie.

Jour #3, Vendredi : Vendredi, nous restons au camping. Il y a beaucoup à préparer pour les prochains jours… et pour les performances de chaque groupe le soir.
Depuis 2021, les jeunes ont mené des recherches avec leurs professeurs sur des sujets liés aux conflits et aux exils européens du XXe siècle qui constituent les bases de leur travail théâtral. La soirée est le résultat de trois ans de travail…
Le chapiteau du camping devient une scène professionnelle avec des lumières et du son. Chaque groupe présente aux autres leur performance de dix minutes.
La scène est ouverte et le public est silencieux. Ils parlent de la Seconde Guerre mondiale et des destins des juifs. Ils parlent de la révolution roumaine et des restrictions de Ceaușescu. Ils parlent de la guerre en Bosnie. Ils parlent des migrants qui partent de chez eux pour trouver une meilleure vie. Chacun rend hommage au travail des autres.
Nous avons été émus par cet engagement et ce talent. Les applaudissements nourrissent la joie mutuelle de jouer du théâtre ensemble, sans compétition mais avec beaucoup de respect les uns envers les autres !

 

 

Jour #4, Samedi : Les groupes germanophones, de Sigmaringen et de Perchtoldsdorf, ont un rendez-vous officiel aujourd’hui ! Claudia Roth, la ministre de la Culture allemande, a invité les jeunes pour une rencontre à la Maison d’Izieu. Pendant une heure, ils parlent de l’importance des pratiques théâtrales, de l’enseignement artistique dans les écoles, du pass culture en Allemagne qui n’était pas encore établi en Autriche, des projets européens et de leur portée. Le résumé des jeunes est clair : ils ont tous évolué et pris confiance sur scène grâce au théâtre, ils ont beaucoup appris sur les mémoires de leur région, parfois invisibles ou niées, et ils ont trouvé de nouveaux amis dans toute l’Europe grâce au programme Erasmus+. La fin du projet approche, mais tout le monde souhaite continuer à faire du théâtre et à maintenir des liens avec les autres participants ! Puis il y a encore la tournée finale en bus à travers l’Europe en juillet !

Jour #5, Dimanche : Les jours passent vite et c’est déjà dimanche, le moment de la Grande Commémoration et de la représentation des jeunes devant le public de la Maison d’Izieu. 1000 invités sont inscrits pour ce jour. Encore une dernière répétition sur place et enfin, à 14h, les jeunes montent sur scène. Sur un grand écran, on voit une scène filmée avec une jeune sur une balançoire dans le jardin de la Maison d’Izieu. Puis la même jeune avec sa balançoire se retrouve dans l’herbe devant le public. Presque cent enfants cachés dans les bois s’approchent de la scène, curieux et effrayés à la fois. Où sont-ils et qu’est-ce qui va se passer ? La performance est impressionnante et le public vient féliciter les jeunes. Encore un grand bravo à chacune et chacun !!!

Après la performance, certains groupes doivent dire au revoir, tandis que d’autres ont l’opportunité de rencontrer le président de la République qui visite ce jour-là la Maison d’Izieu pour reconnaître le travail de mémoire.

Nous aussi, nous nous remercions et félicitons pour ce travail si important afin que l’histoire ne se répète pas. Nie wieder !

Memoria e vie pentru ca e colectivă! Les Bus des Mémoires en Transilvanie

« Quelle journée fantastique nous avons eue, partageant des moments uniques et riches en émotions
avec vous tous. Des témoignages, des histoires captivantes, des échanges passionnants sur
les mémoires collectives et notre histoire partagée… C’était une expérience inoubliable ! »
(Cristina Pocol, USAMV Cluj-Napoca)

Nous tenons à remercier chaleureusement tous ceux qui ont contribué à la réussite de ce projet, ainsi que tous les participants pour leur enthousiasme et engagement artistique. Vous avez rendu cette étape du Bus des Mémoires à Cluj-Napoca un véritable moment mémorial.

Merci particulièrement à nos partenaires, Colegiului Național Titu Maiorescu Aiud, Liceului Tehnologic Liviu Rebreanu Hida, USAMV Cluj-Napoca et Casa Tranzit, lieu culturel et mémorial à Cluj-Napoca.
Avec : CUCUI BIANCA MARIA, OLTEAN BOȚAN LUISA MARIA, OLAR OANA RIANA, HAGEA ANDRA IOANA, VALANDOR BIANCA, BRADEA CRISTEA ANAMARIA, INDREI FABIAN, PODAR ANITA, MACAVEI SONIA MARIA, GÂLEA MATEI CRISTIAN, GÂLEA GABRIELA (Colegiului Național Titu Maiorescu Aiud), CARLA – MARIA GOG, CRISTINA PUȘCAȘ, MONICA PUȘCAȘ, ROXANA – MARIA MUREȘAN, RALUCA- IULIA MORAR, ARDELEAN IOANA DANIELA (Liceului Tehnologic Liviu Rebreanu Hida), NEAG ADELA, CIOLPAN GEORGE, BIANCA OBREJA, STAN RAUL, INDREA RAUL, GOMBOS DENISA, POCOL CRISTINA, MIHAI MIHAELA (USAMV Cluj-Napoca), DUBUSSET FABRICE, VALENTE PIERRE, RAGNI ARNALDO (Procédé Zèbre).

 

Photos : Andreea Hamorszki, Ioana Daniela Ardelean, Cristina Pocol et Pierre Valente.

Pétain in meinem Bett?! Le Bus des Mémoires à Sigmaringen

Comme les fois précédentes, l’équipe de Procédé Zèbre avec Fabrice, Marie, Christophe et Nina, a été bien reçue au Hohenzollern Gymnasium. On se sent déjà comme à la maison !

Afin de préparer le voyage du Bus des Mémoires à Sigmaringen, la semaine a été remplie de nombreuses répétitions, rencontres et visites des lieux, organisées par Stefanie et Annemarie, professeurs du lycée et locaux. Malgré un emploi du temps scolaire chargé et des élèves malades, les élèves Aylin, David, Nele, Presiyana, Ruslan, Selissa, Sophia et Xenia ont été profondément engagés !

Vendredi, 8 mars, le jour de la restitution : À 14h00 précises, le bus complet est parti du lycée pour un parcours de 2,5 heures à travers la ville et ses environs de Sigmaringen. Le public curieux, n’ayant aucune idée de ce qu’ils allaient découvrir, a assisté à des performances, des lectures et des interventions musicales dans cinq lieux mémoriaux. Nous avons évoqué les souvenirs d’exil de Lisa Frank, ancienne élève juive du HZG pendant la Seconde Guerre mondiale, de Sophie Scholl et de ses séjours au château de Krauchenwies abandonné depuis longtemps, ainsi que l’expulsion de la famille Hohenzollern de leur château pour le gouvernement de Pétain. Le voyage a été enrichi par des témoignages sur les personnes migrantes dans la région de Sigmaringen. Enfin, une réflexion sur l’exil et la migration nous a ramenés à nos jours et à l’appel à combattre le racisme et la discrimination.

Témoignages de deux spectateurs :

« Merci beaucoup de nous avoir permis de participer à ce voyage dans le passé et dans l’histoire sombre de l’Allemagne. C’était très intéressant et émouvant, et un grand bravo aux élèves et aux autres participants pour cette superbe dramaturgie et mise en scène. 👍👏
Les différents endroits très impressionnants ont rendu les histoires de mémoire que l’on pouvait entendre dans le bus encore plus authentiques et intenses. J’ai également beaucoup aimé l’utilisation de la musique, du chant et du tambour, qui a renforcé l’ensemble.
Une excellente alternative à la vie quotidienne dans la paisible ville de Sigmaringen 😉 et un enrichissement pour notre connaissance de la ville dans laquelle nous vivons, si riche en histoire. »

« J’ai été très impressionné par votre travail, que ce soit la performance, la manière dont vous abordez le sujet ou toute l’organisation qui l’entoure. Chapeau !!!
J’ai été agréablement surpris par le choix des lieux, des endroits auxquels un particulier n’aurait jamais accès,
et par la gentillesse et la facilité avec laquelle cet après-midi a été mené, malgré la gravité du sujet. Un grand merci ! »

 

Schwäbische Zeitung, journal local de Sigmaringen, parle de nous également :
https://www.schwaebische.de/regional/sigmaringen/sigmaringen/erinnerungsreise-mit-wehmut-und-werbung-2338449

 

Nous remercions particulièrement les élèves du Hohenzollern-Gymnasium, les encadrants, l’équipe artistique, les lieux d’accueil ainsi que les habitants qui ont partagé leurs souvenirs.

 

Procédé Zèbre lance le premier bus des mémoires en Europe : Italie !

Vendredi 1er mars 2024, les Bus des Mémoires ont entamé leur voyage artistique et mémoriel dans le Piémont italien à Oulx. Après une semaine de répétitions, les spectateurs ont été invités autour de 50 spectateurs à monter à bord du bus afin de traverser les magnifiques paysages enneigés d’Oulx.

Des mémoires émouvantes ont été présentées : les voyages des migrants vers la France, la production traditionnelle de chanvre, la rébellion contre la dictature, la nostalgie du pays d’origine, les rêves de la vie future, le courage …

Témoignages de l’université du 3ème âge :

« Au nom d’UNI3 et de tous les participants à l’événement magnifique et engageant d’hier, je tenais à vous remercier avec une émotion particulière et profonde.Il n’est pas fréquent de revivre des lieux que l’on connaît déjà avec des yeux nouveaux et différents, des regards qui vous font sentir et ressentir au plus profond de vous-même la perception de partager et de sentir la douleur et la fatigue des autres. Qu’il s’agisse de personnes qui nous ont précédés, qui ont affronté leurs murs et qui ont su construire des lieux et des opportunités pour que nous puissions vivre après eux. Laissons-les être des personnes qui tentent actuellement désespérément de franchir leurs « murs »,élevés même par le silence de notre indifférence….Il est rare que la participation à un événement soit un moment d’acceptation, de prise de conscience, de début de recherche et de désir de comprendre.C’est ce qui s’est passé, c’est ce que j’ai recueilli des impressions des personnes présentes, c’est la valeur que vous nous avez laissée et pour laquelle nous ne pouvons qu’être reconnaissants.Nous vous demandons de transmettre nos remerciements sincères et chaleureux à tous ceux qui ont travaillé pour que cela se produise, et qui nous ont montré que lorsque nous travaillons ensemble, chacun dans la mesure de ses capacités, nous construisons des modèles d’espoir, qui sont de plus en plus précieux aujourd’hui. Merci encore. »

 

Nous remercions infiniment tout le monde, et particulièrement :

Les 27 élèves talentueux : Ninfea Di Mauro, Vittoria Neri, Giovanni Algisi, Maria Alexandra Scurtu, Alexis Cosa, Federico Neri, Marta Vigna, Nicole Biscuola, Cristina Stefania Badescu, Sveva Ruth Malafronte, Murielle Akpagnonite, Ingrid Bordianu, Valentina Debili Brun, Isabell Alexa, Alessandro Calvi, Martina Peluso, Jacopo Maggio, Mariachiara Laudisi, Christian Sono, Sebastiano Porasso, Ioana Branzei, Miriam Fusco, Grazia Garrisi, Matteo Maggio, Rebecca Alexa, Alice Abbà et Giacomo Pagliussa.

Les encadrants d’IISS Des Ambrois Oulx : Annalisa Marchioni, Donatella D’Onofrio, Silvia Massara et Cinzia Schena.

L’équipe artistique : Fabrice Dubusset, Pierre Valente, Christophe Nurit (Procédé Zèbre); Marina Rossi et Giulia Imberti (Lelastiko-Compagnia di danza); Renato Sibille et Patrizia Spadaro (Ar.Te.Mu.Da.); Vesna Scepanovic (Alma Teatro); Elisabetta Raimondi Lucchetti et Fabio Russo (Bosco delle meraviglie).

Avec le chaleureux soutien des travailleurs et des militants du refuge « Massi » à Oulx.

Crédits photos : Pierre Valente, Procédé Zèbre

 

L’Italie pour finir, Procédé Zèbre rentre à Vichy

Après deux semaines d’exploration de l’Europe, de rencontres avec les partenaires de nos deux projets européens, des lieux qui leur sont chers et de leurs contacts, deux semaines de rencontres puissantes avec des organisations sociales, culturelles, militantes, engagées autour de la mémoire et des droits de l’homme, de découvertes de lieux de mémoire et de celles qui, invisibles, n’ont laissé que peu de traces, nous arrivons en Lombardie et dans le Piémont pour trois dernières journées.

A Brescia, nous découvrons que Santa Lucia est un Père Noël féminin et traditionnel. Nous enchaînons les réunions entre les bonbons et les cadeaux. Nous avons rencontré les équipes du siège lombard de l’ADL de Zavidovici qui nous expliquent comment un activisme pour la paix dans les années 90 a permis la structuration d’un réseau de 40 foyers d’urgence à Brescia trente années plus tard. Nous retrouvons avec amitié et émotion les artistes de Lelastiko impliqués dans les projets Erasmus+ et Europe Creative, Marina Rossi bien sûr, et Giulia Imberti, Arnaldo Ragni, Davide Bonnetti et Francesca Ceccala.
Enfin, nous réfléchissons avec Laura Sirani, chanteuse, photographe, femme merveilleuse aux talents à peu près aussi nombreux que son répertoire de chanson (et il est laaarrrgggeee !!!), aux surprises à naître dans les marges de nos projets.

Quelques heures de sommeil et de route plus loin, nous attendent Turin et Vesna Scepanovic qui nous fait découvrir la Maison de Quartier San Salvario, sur la place Natalia Ginzburg. Lieu envahi par les acteurs culturels et associatifs locaux, nous y multiplions les rencontres et les envies de partenariats nouveaux. 2025 ? 2026 ? Toute la vie ? Peut-être !

Nous gardons au cœur le sentiment que voyager comme nous l’avons fait, à la rencontre des rencontres, avec l’envie infinie de questionner, d’imaginer et de découvrir, c’est fatigant certes mais c’est génial !
Nous gardons au cœur les premiers vers d’un poème écrit dans les ateliers d’écriture du projet Au bagne en Guyane, au lycée Bertène Juminer, le 6 novembre dernier.

Sortir. Courir.
J’ai le ciel en possible.
J’ai le ciel, il est juste là derrière le rideau.
J’ai le ciel.

Nous sommes sortis, avons couru. Nous avons le ciel.

Dobro Jutro ! // Repérage bosnien

Déjeuner du dimanche en exil

Nous ne parlions jamais de nos souffrances.
Nous enseignions à nos enfants la patience
Le subir en silence
Nos maîtres disaient:
“Les soucis inutiles détournent de la gloire divine”
Alors nous mangions les miettes de leur table.
Sans nous plaindre
Nous nous convainquions :”Je vais bien. Tout va bien.”

Demain sera de même
La même discrimination se perpétue
Les mêmes douleurs
L’assistante sociale me rappellera
Que je ne suis qu’un numéro dans le système
Je chercherai encore
Un moyen de tout quitter
Pour une autre ville, un autre pays peut-être.
Je me bercerai d’y trouver une illusion d’amour,
de compréhension,de pardon.
Mais au plus profond de mon coeur je sais
Que les immigrants n’ont pas de pays.

                                                            – Enesa Mahmic, poète bosniaque

 

Quatrième destination dans le tour de repérage européen que suivent les Zèbres, la Bosnie-Herzégovine au bout de la route interminable. Nous rencontrons le temps d’un Cevapi, kebab bosnien à base de viande roulée en saucisses et de crème dans un pain délicieux, Sladjan Ilic, directeur de l’Agence pour la Démocratie Locale de Zavidovici qui nous explique comment les jeunes de la ville s’emparent de la préparation du rassemblement à Izieu et comment l’ensemble des partenaires bosniens se réunissent autour des nombreux rendez-vous que nous avons au premier semestre. Formidable jeunesse bosnienne, déterminée et engagée !

Nous filons ensuite vers Zenica, le temps de rencontrer Nusmir Muharemovic de Studio Teatar, de le remercier de son engagement et de prévoir la fin du projet Miroir d’eau – Water Mirror. Nous filons ensuite vers Sarajevo et concluons près d’une pendule complète de route qui nous aura emmené depuis l’ouest de la Roumanie jusqu’à la capitale bosnienne.

Nous passons devant les roses et devant le marché de Markale[1] où deux massacres ont eu lieu pendant la guerre des années 90, nous rencontrons les équipes de l’Institut Français de Sarajevo et de Kuma, formidable organisation de production de projets mémoriels engagés et puissants. Nous remercions et saluons Nermina Halkic et Claudia Zini d’avoir trouvé un moment pour nous dans leur agenda chargé.

Nous prenons enfin le temps de retrouver nos amis Haris et Ferida Abdagic, souriants et émus, qui nous disent tout ce que l’amour de la Bosnie et la recherche mémorielle de la complexité des identités nationales peut amener. Tout, de la musique, des jolies choses et beaucoup de joie.

Nous partons de Bosnie avec des idées plein la tête pour construire des temps forts. Prochains rendez-vous au cœur des collines et des chênes, en février pour le Bus des Mémoires et évidemment en juillet pour le Coelacanth European tour. Tous les partenaires sont en place, y’a-plus-qu’à !

[1] Massacres de Markale sur Wikipédia : https://fr.wikipedia.org/wiki/Massacres_de_Markale.

 

 

 

 

 

De passage à Cluj-Napoca et Timișoara…

L’équipe de Procédé Zèbre arrive à Cluj-Napoca après une dizaine d’heures sur les routes autrichiennes puis hongroises, simplement entrecoupées de la visite éclair du Château de Buda et de la dégustation d’un Gulash dans la capitale magyare.

Au programme d’une journée intense de  :

  • Rencontre avec une faculté des arts (qui a finalement été reportée mais aura bien lieu),
  • Retrouvailles joyeuses avec Nusmir Muharemović et Zlatan Školjić de Studio Teatar,
  • Visite de la Casa Tranzit, ancienne synagogue transformée en lieu d’exposition et de culture,
  • Dégustation d’un croissant à la pistache recommandé par Nusmir et Zlatan bien que ce ne soit pas une spécialité locale, et participation à la restitution du Workshop animé par Studio Teatar à l’Usamv dans le cadre du projet Miroir d’eau – Water Mirror (voir l’article sur la performance).

Nous profitons tout de même des interstices pour arpenter les rues que nous connaissons et redécouvrir une ville dans laquelle Procédé Zèbre a plusieurs fois présenté son travail dans un nouveau contexte, celui des lumières de Noël qui envahissent la nuit et du marché thématique sur la place principale.

Nous profitons de ce temps pour repréciser l’agenda roumain de Procédé Zèbre au premier semestre 2024 et remercions une nouvelle fois Cristina Pocol et Mihaela Mihai pour leur mobilisation et leur amitié.

 

En route vers la Bosnie, nous passons par la ville de Timișoara à l’ouest de la Roumanie. Pourquoi faire un arrêt ici ? Parce que la ville est jolie ? Oui ! Mais aussi parce que c’est ici qu’a été lancée la révolution à la mi-décembre 1989 qui a conduit au renversement du dictateur roumain de longue date, Nicolae Ceausescu.
En 2023, la ville a été désignée capitale culturelle européenne et nous voyons partout des affiches annonçant des événements culturels. Allez-y, il faut les découvrir :

  • Rencontre avec la directrice de l’Institut Français de Timișoara qui nous aide à rencontrer des partenaires locaux,
  • Rencontre avec Deutsches Staatstheater (Théâtre d’État d’Allemagne) avec une programmation en allemand, sous-titrée en roumain,
  • Rencontre avec Asociația Memorialul Revoluției (Association du Mémorial de la Révolution) et visite de leur exposition permanente sur l’histoire du pays à partir de 1945, mettant en lumière en particulier les événements de la révolution,
  • Rencontre avec le théâtre Teatrul Basca, un théâtre contemporain qui travaille sur l’accessibilité artistique des personnes en situation de handicap,
  • Rencontre et visite du Casa Tineretului (FITT), le plus grand centre culturel pour la jeunesse de Roumanie. Ils organisent un festival culturel international en juillet 2024 avec de nombreuses activités dans la ville.

 

2ème étape : Sigmaringen – Perchtoldsdorf

[Version française ci-dessous]

Am Mittwoch sind wir früh am Morgen von dem verschneiten Sigmaringen ins verschneite Österreich nach Perchtoldsdorf, nahe Wien, gefahren.

Auf dem Weg machten wir Halt in Melk, einer Stadt, die vor allem für das Benediktinerstift Melk bekannt ist. Weniger bekannt ist jedoch, dass sich hier das drittgrößte ehemalige Konzentrationslager, eines der 40 Außenlager des KZ-Mauthausen, befindet. Dank ehemaliger Insassen, ihren Familien und Überlebendenverbänden wie der ‘Amicale de Mauthausen’, sowie der Arbeit des Vereins ‘MERKwürdig – Zeithistorisches Zentrum Melk‘, wurde das ehemalige Krematoriumsgebäude zur Gedenkstätte ernannt. Der Verein ‘MERKwürdig‘, in Zusammenarbeit mit der KZ-Gedenkstätte Mauthausen, verwaltet, pflegt und vermittelt Informationen über den Ort. Er organisiert auch kulturelle Veranstaltungen und künstlerische Projekte wie das ’12h-Konzert gegen Gewalt und Vergessen’, das an die 14.000 KZ-Häftlinge von Melk erinnert.
Das und noch viel mehr erfuhren wir bei einer Führung der Gedenkstätte. Die Gedenkstätte beherbergt zudem eine Ausstellung, die öffentlich zugänglich ist.
Anschließend besuchten wir das benachbarte Gebäude der Birago-Kaserne, genannt ‘Objekt 10’, das einst als Unterkunft für die KZ-Inhaftierten diente. Dort gibt es eine Wanderausstellung mit über 450 Fotografien aus dem KZ-Lager Mauthausen und seinen Außenlagern mit dem Titel ‘Das sichtbare Unfassbare’.
Während unseres Gesprächs mit dem Verein, lernten wir auch weitere Projekte kennen, wie das Projekt ‘Zwischenräume‘, das etwa 40 Initiativen und Gedenkstätten in Niederösterreich vernetzt.
Könnte die Coelacanth European Tour auch durch Melk führen? Warum nicht? Werden wir die Leiter von « MERKwürdig » wiedersehen können, die hinter diesem großartigen Projekt stehen? Wir hoffen es !

Von Melk aus ging es weiter nach Perchtoldsdorf, wo uns Alexandra Dämon, Französischlehrerin am BDR/BDG, herzlich empfing. Zusammen mit Matthias Suske leitet sie die Schülertheatergruppe der Schule.

Die Treffen finden in Wien Stadt statt, das gut mit der S-Bahn erreichbar ist. Vormittags lud uns das DÖW, das Dokumentationsarchiv des österreichischen Widerstandes, ein, um über das Projekt ‘Memento Wien‘ zusprechen, ein Online-Tool über Opfer und Orte des NS-Regimes in Wien. Über einen Stadtplan können Wohnorte gefunden und die Schicksale der Opfer mit Fotos und Dokumenten nachgelesen werden. Eine umfangreiche Archivdokumentation, die uns sehr beeindruckt hat.
Genauso beeindruckt waren wir von der Dauerausstellung der Archive, die einzige in Österreich, die den Holocaust behandelt.

 

Anschließend erwartete uns die Tochter von Helene Neuhaus, die während des Zweiten Weltkrieges in Wien als Widerstandsaktivistin illegale Flugschriften verteilte. Die Widerstandsgruppe von Helene Neuhaus war entscheidend an der kampflosen Übergabe Ottakrings beteiligt. Kurz vor der Befreiung Wiens im April 1945 überredeten die damals jugendlichen Widerstandskämpfer im Gebiet um Sandleiten (Wien-Ottakring) zurückströmende Soldaten der Deutschen Wehrmacht, ihre Waffen abzugeben, und versorgten sie mit Zivilkleidung. Diese Entwaffnungsaktion erleichterte die kampflose Einnahme Ottakrings durch die Rote Armee. An der Stelle der Entwaffnung steht heute eine Gedenkstätte, die an die Zivilcourage der Jugendlichen erinnert. Vor allem der starke Gerechtigkeitssinn trieb Helene Neuhaus an, erzählte uns ihre Tochter. Mutter und Tochter waren lange Zeit ehrenamtlich beim DÖW tätig, um die Erinnerungsarbeit in Wien zu unterstützen.

Danach wurde es künstlerisch. Wir trafen wir den Regissuer der Wiener Theatergruppe ‘Nesterval‘, die Konzepte für immersives Theater entwickelt. Ihr letztes Stück ‘Die Namenslosen‘ wurde im Mai 2023 auf dem Gelände des Wiener Nordwestbahnhofs uraufgeführt. Das Stück handelt von den Schicksalen von Personen aus der queeren Community während des Zweiten Weltkrieges und basiert auf wahren Begebenheiten. Der Nordwestbahnhof, der derzeit abgerissen wird, war ein Deportationsbahnhof. Es war eine wunderbare Begegnung für uns mit Martin Finnland, die uns Lust darauf macht, das Stück im Mai/Juni 2024 anzusehen, da weitere Aufführungen in Wien in Zusammenarbeit mit der Stadt Wien geplant sind.

Schließlich beenden wir unser intensives Tagesprogramm mit einer Tasse italienischen Kaffees (Europa, wie sehr du uns prägst…) mit zwei bosnische Forscher des „ÖAW – Institut für Kultur- und Theaterwissenschaften‘, die über die bosnischen Opfer des Holocaust in Österreich geforscht haben. Sie sprechen mit uns über die Flucht österreichischer Juden in das Gebiet Jugoslawien nach dem Anschluss und ihre Arbeit über die europäischen Exile des 20. und 21. Jahrhunderts. Wir haben das Gefühl, dieselbe Sprache zu sprechen. Wir haben das Gefühl, Forscher zu treffen, die in unsere Richtung arbeiten.

Leider konnten wir nicht alle treffen und planen noch ein Treffen mit dem Gedenkvereis von Guntramsdorf/Wiener Neudorf (in der Nähe von Wien), der leider außerhalb von Wien ist, während wir dort sind. Ebenfalls werden wir die Regisseurin des Projekts ‘Wiener Klassenzimmertheater’ kennenlernen.

Wie in Sigmaringen so zeichnen sich auch in Perchtoldsdorf großartige Perspektiven, Diskussionen und Veranstaltungen ab.

Ein großes Dankeschön geht an Alexandra Dämon für ihr Engagement an unserer Seite und für die Reservierung in den besten Heurigen in Perchtoldsdorf.

[fr]

Mercredi matin, nous avons quitté Sigmaringen enneigée pour aller à Perchtoldsdorf, près de Vienne, en Autriche. En arrivant, nous avons pu constater que l’Autriche était également sous la neige.

En chemin, nous nous sommes arrêtés à Melk, ville principalement connue pour son abbaye bénédictine. Moins connu, Melk était aussi la ville d’installation du troisième plus grand camp de concentration d’Autriche pendant la Seconde Guerre mondiale, un des 40 camps annexes du camp de Mauthausen.
Grâce aux anciens détenus, à leurs familles et aux associations de survivants telles que l’« Amicale de Mauthausen », et grâce au travail de l’association « MERKwürdig – Centre d’histoire contemporaine de Melk », l’ancien bâtiment du four crématoire a été transformé en mémorial. L’association « MERKwürdig », mandatée par le Mémorial du camp de concentration de Mauthausen, s’occupe de la gestion, de l’entretien et de la médiation du site, organise des événements culturels et des initiatives artistiques autour du travail de mémoire du mémorial de Melk. L’un de ces événements est le « Concert de 12 heures contre la violence et l’oubli », qui commémore les 14 000 détenus du camp de Melk. Nous réfléchissons avec enthousiasme à de possibles en commun.
Nous avons appris tout cela et bien plus encore lors d’une visite du mémorial avec Wolfgang Fehrerberger, responsable de la médiation. Une exposition sur l’histoire du camp, basée sur les travaux de recherche du professeur Bertrand Perz, historien, est également présentée au mémorial, qui est ouvert au public.
Ensuite, nous avons visité le bâtiment voisin de la caserne de Birago appelé « Objet 10 », utilisé comme logement pour les détenus du camp. On y trouve une exposition itinérante intitulée « L’inexprimable visible » avec environ 450 photographies du camp de concentration de Mauthausen et de ses camps annexes.
Lors de nos échanges avec Wolfgang Fehrerberger et Dr Christian Rabl, responsable du projet, nous avons découvert d’autres initiatives de l’association, comme le projet « Zwischenräume », qui fédère environ 40 initiatives pour la mémoire et les mémoriaux en Basse-Autriche.
Est-ce que le Coelacanth European tour passera par Melk ? Pourquoi pas ? Pourrons-nous rencontrer Wolfgang et Christian, les deux porteurs de ce formidable projet de patrimonialisation ? Nous l’espérons !

De Melk, nous avons poursuivi notre route jusqu’à Perchtoldsdorf, où nous avons été chaleureusement accueillis par Alexandra Dämon, professeure de français au BDR/BDG. Elle co-dirige avec Matthias Suske le groupe théâtral de l’école.

Les rencontres se déroulent à Vienne, facilement accessible en S-Bahn, le large réseau de transport en commun de la capitale autrichienne. Le matin, l’historien Wolfgang Schellenbacher nous a invités au DÖW (Archives de documentation de la résistance autrichienne). Il nous a présenté son projet « Memento Wien », un outil en ligne sur les victimes et les lieux du régime nazi à Vienne : via une carte de la ville, il est possible de localiser les lieux de résidence et de lire les destinées des victimes, avec des photos et des documents. Une documentation d’archives immense qui nous a impressionnés.
Nous sommes saisis par la visite de l’exposition permanente des Archives, seule exposition permanente abordant la Shoah en Autriche. Nous sommes saisis de voir les triangles rouges sur les habits simples de coton épais, nous sommes saisis par les images de dizaines de milliers de personnes qui lèvent le bras et par l’énergie des historiens pour rappeler la réalité historique à toutes et tous !

Ensuite, nous avons été reçus par la fille de Helene Neuhaus, qui, pendant la Seconde Guerre mondiale, distribuait clandestinement des tracts de résistance à Vienne. Le groupe de résistance de Helene Neuhaus a été décisif dans la reddition sans combat du quartier viennois Ottakring. Peu avant la libération de Vienne, en avril 1945, les jeunes résistants ont persuadé les soldats allemands en retraite de rendre leurs armes et leur ont fourni des vêtements civils. Cette action de désarmement a facilité la prise pacifique d’Ottakring par l’Armée rouge. À l’endroit se trouve aujourd’hui un mémorial qui rappelle le courage civique des jeunes. Selon sa fille, c’est avant tout sa volonté forte de justice qui motivait Helene Neuhaus. Mère et fille ont été bénévoles pendant longtemps au DÖW pour renforcer le travail de mémoire à Vienne.

Par la suite, nous sommes entrés dans le domaine artistique. Nous avons rencontré Martin Finnland, metteur en scène du groupe de théâtre viennois « Nesterval », qui expérimente de nouveaux concepts de théâtre immersif. Leur dernier spectacle s’intitulait « Les Sans-noms » et a été présenté en première en mai 2023 sur le site de la gare Nordwestbahnhof de Vienne. La pièce traite des destins de personnes issues de la communauté queer pendant le second guerre mondiale, basée sur les histoires réels. Le Nordwestbahnhof, ces jours-ci en destruction, a été une gare de déportation. Une belle rencontre pour nous avec Martin Finnland, qui donne l’envie de regarder la pièce en mai/juin 2024, comme il y a d’autres présentations prévues à Vienne en collaboration avec la ville de Vienne.

Enfin, nous terminons notre intense programme de rencontres en paryageant un café italien (Europe, quand tu nous tiens…) avec Anisa Hasanhodžić et Rifet Rustemović, deux chercheurs bosniens à l’“Austrian Academy of Sciences – Institute of culture studies and theatre history” qui ont travaillé sur les victimes bosniennes de l’Holocauste en Autriche. Ils évoquent avec nous la fuite des juifs autrichiens vers le territoire du royaume de Yougoslavie après l’Anschluss, et leur travail sur les exils croisés européens aux XXe et XXIe siècle. Nous avons l’impression de parler la même langue. Nous avons l’impression de rencontrer des chercheurs qui vont dans notre sens.

Enfin, nous nous mettons d’accord pour rencontrer prochainement par Visioconférence Jürgen Gangoly, président de l’association des camps de concentration de Guntramsdorf/Wiener Neudorf (près de Vienne), malheureusement hors de Vienne alors que nous y passons. Également en Visioconférence on rencontrera Dana Csapo, metteuse en scène du projet “Wiener Klassenzimmertheater”.

Encore de formidables perspectives, discussions et des événements forts qui se profilent à l’horizon.

Merci infiniment à Alexandra Dämon pour son engagement à nos côtés et d’avoir réservé des places dans les meilleurs Heuriger de Perchtoldsdorf.

1er étape : Vichy – Sigmaringen

[Version française ci-dessous]

Am Montag beginnen die Vorbereitungen für die Europa-Tournee, genannt die « Cœlacanth Europa-Tour ». Über zwei Tage erkunden wir den Raum Sigmarignen, machen nette Bekanntschaften, treffen interessante Projekte und spielen Theater.

Sobald das Team aus Vichy in Sigmaringen ankommt, wird Theater gespielt, angeleitet von Fabrice. Die neunköpfige Schülergruppe des Hohenzollern Gymnasiums will an ihrer bisherigen Arbeit anknüpfen und ein neues Theaterstück erarbeiten, das an Lisa Franck erinnert, die Tochter der einst einzigen jüdischen Familie in Sigmaringen. Bevor sie während des Zweiten Weltkriegs in die USA auswanderte, war sie Schülerin des Hohenzollern Gymnasiums. Kurz vor ihrem Abitur musste sie die Schule verlassen, so enorm war der psychische Druck von Schulleitung und Lehrern. Eine erste Kostprobe könnte es möglicherweise bei der Feier anlässlich der Übergabe eines Porträts von Lisa Franck durch die Malerin Marlis E. Glaser an das HZG am 25. Januar 2024 geben.

 

 

 

 

 

 

Während es in der Schule Theaterunterricht auf Französisch gibt, machen sich die drei anderen Mitglieder der Theatergruppe, Etienne, Pierre und Nina, auf den Weg zu ihrem ersten Treffen mit dem Caritasverband im schönen Fideliushaus in der Innenstadt von Sigmaringen. Der Caritasverband spielt eine wichtige Rolle in der Beratung und Unterbringung von Geflüchteten (im Jahr 2022 haben etwa 1000-1200 Migranten ihr vielfältiges Beratungsangebot genutzt). Wir sprechen mit ihm über das « Gelbe Haus » in Laiz, das 1979 als erste Flüchtlingsunterkunft in Sigmaringen eröffnet wurde. Zeitungsartikel über die Aktivitäten im Gelben Haus, die uns vom Caritasverband zur Verfügung gestellt wurden, verraten uns viel über die verschiedenen Flüchtlingswellen seit den 1970er Jahren, die Gemeinschaftsfeste der Bewohner und der Nachbarschaft sowie die letztendliche Schließung der Unterkunft in 2017. Die Zeitungsartikel werden auch den Schülern des Hohenzollern Gymnasiums dienen, um die Geschichte der Stadt und die Flüchtlingssituation besser zu verstehen. Wir möchten den Caritasverband gerne erneut zu einem Treffen einladen, dann auch mit ehemaligen Mitarbeitern und möglicherweise ehemaligen Bewohnern des Gelben Hauses, zusammen mit den Jugendlichen.

Anschließend geht es zur Waldbühne, die uns eine schöne Kulisse im schneebedeckten Wald von Sigmaringendorf bietet. Die Leiterin des « Jungen Theaters Waldbühne », zusammen mit der Spielleitung der Jugendgruppe, begrüßen uns in ihrem Proberaum. Im März 2023 führten sie das Stück « Die weiße Rose – Alle für den Widerstand » über die Widerstandsgruppe um Sophie Scholl auf und wurden dafür mit dem Friedenspreis der Stadt Stuttgart ausgezeichnet. Die drei sind begeistert von unserem Projekt und der Idee, daran teilzunehmen, auch wenn der Spielplan der Jugendgruppe für 2024 bereits sehr voll ist.

Währenddessen treffen Etienne, Pierre und Annemarie Pierre Caudrelier, einen ehemaligen Berufssoldaten aus Frankreich, der nach seiner Militärkarriere in der Kaserne am Heuberg in Stetten am kalten Markt geblieben ist und dort mit seiner Ehefrau lebt. Pierre Caurdrelier engagiert sich stark für die deutsch-französische Freundschaft und war früher Präsident der Deutsch-Französischen Gesellschaft Zollern-Alb. Im Gespräch teilt Pierre viele Anekdoten. Man merkt sofort, dass er viel erlebt hat, an vielen Orten gewohnt hat und in seiner Wahlheimat ein großes Netzwerk pflegt.

Am zweiten Tag treffen Nina und Annemarie die Tochter eines ehemaligen Zwangsarbeiter, der in der Rüstungsproduktion des Hüttenwerkes Laucherthal arbeitete und  im Barackenlager lebte. Die Tochter teilte viele Erinnerungen an ihren Vater, der nach dem Krieg im Landkreis Sigmarignen blieb und eine Familie gründete. Nach dem Gespräch zeigt ihr Ehemann uns die Gräberreihe auf dem Friedhof von Sigmaringen, wo sieben Zwangsarbeiter aus Laucherthal begraben liegen.

Das letzte Kennenlerntreffen ist mit dem Vorsitzenden des Hohenzollerischen Geschichtsvereins, und einer freie Journalistin und Buchautorin aus Sigmaringen. Beide sind bestens mit den lokalen Geschichten vertraut und recherchieren seit Langem über die Zeit der Vichy-Regierung im Sigmaringer Schloss.

Fabrice und Pierre machen währenddessen einen Streifzug durch die Stadt und besichtigen die Brauerei Zoller-Hof und das Gelände der Graf-Stauffenberg-Kaserne.

Weitere Treffen stehen noch aus, wie zum Beispiel mit dem Theater Lindenhof aus Stetten akM, deren Stücke oft lokale Erinnerungen und Biografien behandeln. Ebenso wird ein Treffen mit der Regisseurin der Theatergruppe « Rolle vorwärts » stattfinden. Vielleicht klappt auch ein Treffen mit dem Sigmaringer Schloss und und und… Die Region um Sigmaringen ist reich an Geschichten, die es zu entdecken gibt.

Danke an alle, die uns empfangen haben und ihr Wissen mit uns geteilt haben! Ein großes Dankeschön an das Hohenzollern-Gymnasium, speziell an Annemarie Kastelsky und Stefanie Bisinger und an die Schülerinnen und Schüler!

[fr]

Lundi a marqué le début des préparatifs pour la tournée européenne appelée la « Cœlacanth Europa-Tour ». Pendant deux jours, nous avons exploré la région de Sigmarignen, rencontré des gens et des projets intéressants. Et puis le théâtre, bien sûr.

Dès l’arrivée de l’équipe de Vichy à Sigmaringen, le théâtre s’est mis en scène par Fabrice. Le groupe de neuf élèves du Hohenzollern Gymnasium souhaitait créer une nouvelle pièce sur Lisa Franck, la fille de la seule famille juive à Sigmaringen. Avant de partir aux États-Unis pendant la Seconde Guerre mondiale, elle était élève au Hohenzollern Gymnasium. Elle a dû quitter l’école en raison de la pression psychologique intense par la direction et les professeurs. Un premier extrait de la pièce pourrait être présenté lors de la célébration de la remise d’un portrait de Lisa Franck par la peintre Marlis E. Glaser à l’école le 25 janvier 2024.

Pendant ce temps, les trois autres membres de la troupe de théâtre, Étienne, Pierre et Nina, ont rencontré pour la première fois Monsieur Metzger du Caritasverband dans le magnifique Fideliushaus au centre-ville de Sigmaringen. Le Caritasverband joue un rôle essentiel dans l’orientation et l’hébergement des réfugiés (en 2022, environ 1000 à 1200 migrants ont bénéficié de leurs services). Nous avons discuté avec lui du « Gelben Haus » à Laiz, la première maison de logement pour les réfugiés à Sigmaringen, ouverte en 1979. Les articles de presse sur les activités du Gelben Haus, fournis par le Caritasverband, nous ont révélé beaucoup sur les différentes vagues de réfugiés depuis les années 1970, les fêtes communautaires des résidents et des voisins, ainsi que la fermeture ultérieure de la maison en 2017. Ces articles de presse aideront également les élèves du Hohenzollern Gymnasium à mieux comprendre l’histoire de la ville et la situation des réfugiés. Nous aimerions inviter à nouveau le Caritasverband à une rencontre, cette fois avec d’anciens employés et peut-être d’anciens résidents du Gelben Haus, en compagnie des jeunes.

Ensuite, nous avons visité la Waldbühne, qui offrait un magnifique cadre dans la forêt enneigée de Sigmaringendorf. Nadja Kiessewetter, directrice du « Jeunes Théâtre Waldbühne », ainsi que la direction du groupe de jeunes, nous ont accueillis dans leur salle de répétition. En mars 2023, ils ont présenté leur pièce « La Rose Blanche – Tous pour la Résistance » sur le groupe de résistance de Sophie Scholl. Pour cette pièce le groupe a été honoré par le Prix de la Paix de la ville de Stuttgart. Après avoir eu présenté le Cœlacanth Europa-Tour, les trois étaient enthousiastes à l’idée d’y participer avec une performance, même si leur programme du groupe de jeunes pour 2024 est déjà très chargé.

Pendant ce temps, Etienne, Pierre et Annemarie ont rencontré Pierre Caudrelier, un ancien soldat français, resté à Stetten am kalten Markt après sa carrière militaire à la caserne du Heuberg, où il vit avec son épouse Gisela. Pierre Caurdrelier s’investit fortement dans l’amitié franco-allemande et a été président de la Société franco-allemande Zollern-Alb. Au cours de la discussion, Pierre a partagé de nombreuses anecdotes. On remarque tout de suite qu’il a vécu beaucoup de choses, résidé à de nombreux endroits et entretient un vaste réseau dans sa région.

Le deuxième jour à Sigmaringen, Nina et Annemarie ont rencontré la fille d’un travailleur forcé qui a travaillé dans la production d’armement à l’usine de Laucherthal et a vécu dans des baraques. En 1946, il a épousé une femme de la région. La fille nous a raconté de nombreux souvenirs de son père, un homme très apprécié au village et un peintre talentueux. Après la discussion, son mari nous a montré la rangée de tombes au cimetière de Sigmaringen où reposent sept travailleurs forcés de Laucherthal.

La dernière rencontre était avec le président de la Hohenzollerischen Geschichtsvereins, et une journaliste indépendante et auteure. Tous deux sont très familiers avec les histoires locales et mènent depuis longtemps des recherches sur la période du gouvernement de Vichy au château de Sigmaringen.

Pendant ce temps, Fabrice et Pierre ont fait une tournée et ont visité la brasserie Zoller-Hof ainsi que le site de la caserne Graf-Stauffenberg.

D’autres rencontres sont prévues en janvier, notamment avec le Theater Lindenhof de Stetten akM, dont les pièces traitent souvent des mémoires et des biographies locales. Il y aura également une rencontre avec la metteuse en scène du groupe de théâtre « Rolle vorwärts ». Peut-être pourrons-nous également rencontrer le château de Sigmaringen, etc.etc.etc.etc.
La région de Sigmaringen regorge d’histoires à découvrir.

Merci à tous ceux qui nous ont accueillis et partagé leur savoir avec nous ! Un grand merci au lycée Hohenzollern, en particulier à Annemarie Kastelsky et Stefanie Bisinger, ainsi qu’aux élèves !

 

A Izieu, le Zèbre repère le Verger

Mercredi 22 novembre, l’équipe de Procédé Zèbre est à Izieu pour préparer la 80e commémoration de la Rafle d’Izieu, point d’orge du projet Erasmus+ WiM Laboratories Iuvenis II, à laquelle vont participer 80 jeunes européens de six nationalités impliqués depuis deux ans dans le projet et les élèves de la classe d’Audace artistique conduite par Isabelle Journo au sein du Lycée du Bugey, à Belley, ville voisine d’Izieu.

Nous commençons par le Camping de l’Île de la Comtesse, qui deviendra pendant 5 jours le quartier général des jeunesses européennes. Le camping est propre, situé à moins d’une heure de marche de la Maison d’Izieu, l’équipe est joyeuse, enthousiaste de nous recevoir. Comble de la joie, il y a une boite postale. Toutes et tous nous pourrons envoyer nos cartes. Il faudra bien penser à prendre nos timbres !

Puis, nous découvrons le travail de la classe d’Audace artistique, accompagnée par le metteur en scène professionnel Daniel Pouthier. Cette classe présentera aux jeunes européens un travail autour des voix de réfugiés, une pièce de plus d’une heure dans le cadre d’une série de représentations en avril 2024.

Enfin, nous terminons par la maison d’Izieu où tous ensemble, plus de cent jeunes, lycéens et étudiants, présenteront une performance événement devant un public immense, la plus large audience attendue depuis la première commémoration, le 7 avril 1946.

« Après deux années, le cœur est soulevé de la même indignation qu’au premier jour, l’âme est baignée de la même tristesse infinie à l’évocation de cette matinée printanière où des hommes vinrent arracher les enfants de cette maison pour les conduire à la mort.
Ces hommes étaient des soldats et des agents allemands.
Ces enfants étaient des fillettes et des garçons, pour la plupart encore dans l’innocence première, qui l’on reprochait seulement d’être au monde. »
– Maison d’Izieu, Commémoration du 7 avril 1946, Discours de Gaston Lavoille, Proviseur du Lycée du Bugey.

Nous profitons de notre présence sur place pour assister à une rencontre avec Jordan Mechner, auteur de Replay : Mémoires d’une famille[1], BD retraçant les parcours de migrations croisées de sa famille au XXe siècle, ou comment les violences en Pologne, en Allemagne, en Europe en général ont conduit ses grands-parents à découvrir le continent américain. Il n’est jamais venu à Vichy. Nous l’y invitons.

Les histoires se croisent. Ce n’est pas un hasard.

[1] Mechner, Jordan, Replay : Mémoires d’une famille, Paris, Delcourt, avril 2023.