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Europe Créative en Bosnie, juin-juillet 2023

Les membres de Procédé zèbre Marion Dupommereulle et Fabrice Dubusset étaient en Bosnie pour la poursuite des aventures créatives européennes.

L’objectif était de présenter pendant le festival de Studio Teatar une performance avec les acteurs de Studio Teatar (Nusmir Muharemovic et Zlatan Školjić) et la cie de danse Lelastiko avec Marina Rossi et Davide Bonetti pour la musique, ainsi que les jeunes ayant participé aux laboratoires précédents.

Ensemble, ils ont partagé quatre jours riches en traitant le thème de l’exil et de l’accueil des réfugiés. Le Travail chorégraphique a été fait sous la direction de Marina Rossi, ils ont mené des improvisations sur le thème du bateau….

Les actrices et acteurs ont pu explorer les différentes pistes du corps qui expriment le tangage, comment le corps reçoit les inquiétudes ?, le vague à l’âme ?, L’amer remonte dans une mer démontée…. Une solidarité s’installe, les mots sont interdits, les livres trop « subversifs » sont bannis. Une petite fille cherche dans les livres les pages disparues… La douche bidon vient nettoyer ce voyage interminable … et les numéros s’affichent pour administrer un nouveau roulis de la vie .

Sous la direction artistique de Lana Delic de Studio Teatar. La performance a été présentée devant une centaine de spectateurs enthousiastes et émus.

 

 

Crédit Photos : Studio Teatar.

 

Où vont les oiseaux ? – Deuxième mouvement

Texte de Marina Rossi, chorégraphe et directrice de Lelastiko :

Nous sommes très heureux d’avoir porté ce nouveau temps de programmation d’Où Vont Les Oiseaux ? Installation habitée.

Merci à tous pour le voyage, l’engagement, le dévouement et la beauté de créer ensemble !

Dimanche 15 octobre 2023, au Bunkervik – Le refuge des idées, a dont été présenté Où Vont Les Oiseaux ?  DEUXIÈME MOUVEMENT.

Actions théâtrales, voix et sons ont accompagné les visiteurs dans un voyage qui s’est déroulé des espaces extérieurs jusqu’à l’intérieur de Bunkervik. C’était un moment de partage délicieux avec la communauté, une nouvelle phase de recherche créative dans le cadre du projet Mémoires visibles et invisibles que notre compagnie, Lelastiko, développe en cette année de Capitale italienne de la culture.

Crédits :

Concept et direction : Marina Rossi

Installation habitée : Davide Sforzini, Michele Sabattoli

Compagnie Procédé Zèbre | France : Marion Dupommereulle

Compagnie Studio Teatar | Bosnie Herzégovine : Zlatan Školjić

Compagnia Lelastiko| Italie : Davide Bonetti, Francesca Cecala Cekkina Cecala, Giulia Imberti, Arnaldo Ragni, Giulia Rossi, Marina Rossi, Davide Sforzini

Groupe "Youth Invasion" et autres participants : Elisa Bernardi, Luca Bindoni, Enea Gheda, Asia Meneghini, Zoe Bolzonella

Atelier permanent| Groupe "Projet These Your Hands" : Anna Denza, Francesca Mastrone, Katya Moneta, Luisa Roversi.

Mémoires visibles et invisibles vise à explorer les mémoires de la région de Brescia et de Bergame et à les comparer à d’autres mémoires européennes.
Il s’agit d’une proposition pour Brescia Bergamo Capitale italienne de la culture 2023. Il enrichit et décline, d’une manière particulière, les projets européens : « WiM Laboratories Iuvenis II_ programme. Erasmus+ » et « Water Mirror Miroir d’Eau_ programme Creative Europe », dont Lelastiko est partenaire.

Crédits photos : Laura Sirani

 

 

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[TEXTE ORGINAL EN ITALIEN]

Siamo molto felici di aver dato vita a questo nuovo tempo di Où Vont Les Oiseaux? Installazione Abitata.

Grazie a tutte, tutti per il percorso, l’impegno, la dedizione e la bellezza di creare assieme!

 

Domenica 15 ottobre

P/so Bunkervik – Il rifugio delle idee

Où Vont Les Oiseaux?  SECONDO MOVIMENTO_ OTTOBRE 2023

 

Azioni teatrali, voci e suoni hanno accompagnato i visitatori nel percorso che si è dispiegato dagli spazi esterni all’interno di Bunkervik.

Un tempo di condivisione con la comunità, di una nuova fase di ricerca creativa all’interno del progetto MEMORIE VISIBILI E INVISIBILI.

 

Ideazione e Regia: Marina Rossi

Allestimento Installazione Abitata: Davide Sforzini, Michele Sabattoli

Compagnia Procédé Zèbre | Francia : Marion Dupommereulle

Compagnia Studio Teatar | Bosnia Herzegovina : Zlatan Školjić

Compagnia Lelastiko| Italia : Davide Bonetti, Francesca Cecala Francesca Cekkina Cecala, Giulia Imberti, Arnaldo Ragni, Giulia Rossi,  Marina Rossi, Davide Sforzini

Gruppo “Invasione Giovani” e altri partecipanti : Elisa Bernardi, Luca Bindoni, Enea Gheda, Asia Meneghini, Zoe Bolzonella

Gruppo “Laboratorio Permanente| Progetto Queste tue mani” : Anna Denza, Francesca Mastrone, Katya Moneta, Luisa Roversi

 

MEMORIE VISIBILI E INVISIBILI, si prefigge di esplorare le memorie della regione di Brescia e Bergamo e di confrontarle con altre memorie europee. E’ una proposta per Brescia Bergamo Capitale della Cultura 2023. Arricchisce e declina, in maniera peculiare, i progetti europei: “WiM Laboratories Iuvenis II_ programma. Erasmus+” e “Water Mirror Miroir d’Eau_ programma Europa Creativa”, di cui Lelastiko è partner.

Samedi 13 mai // Finalement, la pluie s’arrête.

Vendredi matin, 12 mai, alors que les techniciens finissent d’empiler les caisses de matériel dans un camion 20m3, tous les jeunes mobilisés lors de la semaine de travail du projet Miroir d’eau profitent d’un entretien vidéo matinal avec Mme Drezet-Humez, Représentante de la Commission européenne en France. Aucun sujet n’est laissé en chemin, on parle d’identité européenne, de nationalités à repenser, de la défense et de l’importance de la paix. On parle d’orientation et de ce qu’est l’Europe. La diplomate dit « Vous êtes l’Europe » et Sanae, 13 ans, répond « L’Europe, c’est nous. ». Toutes et tous se quittent extrêmement satisfaits, conscients de leur chance.

L’après-midi, toutes et tous se relaient pour installer barrières et projecteurs. Marion Dupommereulle, Frédérique Mille et Marina Rossi travaillent et font travailler leurs partenaires de danse dans le bassin de la place Charles de Gaulle de Vichy. Les passants se demandent ce qu’ils font. Certains posent la question et obtiennent en réponse un programme du festival Water is Memory. Un peu plus loin, Nusmir Muharemovic et Zlatan Školjić prennent un café en terrasse du café Le Brazilia. Nusmir regarde le ciel pensif. Zlatan, lui, se dit qu’il devrait sans doute aller répéter encore un peu avec Frédérique, Marion et le reste de l’équipe.

Pierre et Alex, les deux techniciens les regardent pensifs. L’équipe technique de Procédé Zèbre monte une structure technique, de son et de lumière, à chaque fois que la pluie la laisse mettre le nez à l’extérieur de son parapluie.

Vendredi soir, alors que la nuit continue d’écouter la pluie tomber, toutes et tous, élèves, italiens de Lelastiko, Bosniens de Studio Teatar et Bourbonnais de Procédé Zèbre, répètent encore dans le gymnase de l’Institution St Joseph de Cusset. Puis, les artistes professionnels vont faire un dernier repérage, quelques réglages lumière et son, et ils rentrent enfin.

Samedi, c’est la grande journée et tout le monde regarde le ciel. Il est gris. Arnaldo Ragni, compagnon de toujours de Procédé Zèbre souffle et dit : « Quand même… Quel dommage s’il pleut… ». Les heures s’égrènent mais on décide qu’on va jouer sur la place. On a tout installé, après tout ce n’est pas pour rien. A dix-huit heures il tonne. On regarde le ciel qui est on ne peut plus menaçant. La Caravane du Bouillon, acteur culturel et gastronomique du département arrive et commence à faire cuire des quiches aux épinards. Eux non plus ne doutent pas que « ça va aller ». Nusmir essaie de dire « quiche aux épinards », Marina se moque un peu même si elle n’y arrive pas très bien non plus. Zlatan et Alex improvisent un chant de la pluie pour qu’elles s’arrêtent, Francesca Ceccala, elle, s’essaie à une danse totémique qui, « c’est certain ! », va faire s’arrêter l’eau.

Les jeunes arrivent. Tous ont des tenues hors du temps. Ce n’est pas d’aujourd’hui mais il n’est pas facile de dire à quel hier ils appartiennent. On dit « C’est comme les Choristes, mais plus urbain. » Ils ont des visages qui auraient pu être du passé, avec les couleurs du samedi 13 mai 2023. On fait des photos. Certains disent : « Il fait froid ! » et d’autres « On peut avoir un parapluie sur la photo ? ».

Le public arrive. Eux non plus ne doutent pas que « ça va aller ». Certains prennent des quiches aux épinards. Nusmir et Marina sont déjà cachés, ils n’arpentent plus le plateau de jeu, mais elle se moque encore un peu de lui. Pourtant, maintenant, sa prononciation est presque parfaite : Qui-cheu-Ô-Zépi-Nal !

Il est neuf heures et Miroir d’eau doit jouer dans treize minutes. Toutes et tous sont à leur poste. Chacun est là où il doit être. Arnaldo Ragni tousse, c’est lui qui va entrer en scène en premier. Il tousse et les dernières gouttes tombent. Les bancs sont trempés et l’équipe technique se rue sur eux avec des sopalins et des éponges. Le public demande s’il peut aider. Tout le monde sourit. 21h13, le spectacle commence. Les livres brûlent et, ensemble, les jeunesses européennes, élèves et professeurs, les artistes, les techniciens, les musiciens, les comédiens, éteignent le feu de l’ignorance. Ce soir encore l’Autodafé est vaincu.

 

MIROIR D’EAU

Mise en scène : Fabrice Dubusset, avec la complicité de Marina Rossi, Nusmir Muharemović et Arnaldo Ragni.

Musique : Christophe Nurit.

Compositions originales : Haaris Abdagić, Davide Bonetti et Christophe Nurit.

Régie technique : Pierre Valente, accompagné d’Alex Barry.

Distribution :

Charlotte Basson, Cali Benigaud, Alexandre Bernardin, Constance Bignon, Francesca Cecalla, Marie Chanteclair, Léa Compagnat, Julia Cousin-Neveu, Lisa Dabrigeon, Éleanore Dallois, Léane Dubest Bourion, Mélina Dubest Bourion, Marion Dupommereulle, Lucie Durand, Lucie Engelvin, Valentine Fradin Menaspa, Maël Genty, Valentin Jarland, Eve Lagrange, Céleste Laigo, Coraline Leloup, Elliot Mailletas, Clémence Mayet, Alexandra Meunier, Gabrielle Micaud, Frédérique Mille, Anastasia Mirzakirov, Gabriel Morault, Nusmir Muharemović, Manon Nicolle-Garcia, Louise Oudot, Romain Pasquier, Arthur Pejoux, Zlatan Školjić, Arnaldo Ragni, Camille Richaud, Marina Rossi, Etienne Russias, Hildelisse Saint Gerand, Louise Vernière, et Sanae Zacharie.

Ils nous ont accompagnés pendant le processus de création : Ferida Abdagić, Haris Abdagić, Davide Bonetti, Lana Delić, Ajla Đidić, Ana-Marija Jurić, Almir Nakić.

Mise à feu vichyssoise en préparation !

Mardi 9 mai, la porte de Procédé Zèbre grince un peu quand Marina Rossi et Nusmir Muharemovic la poussent et retrouvent avec émotion l’équipe de Procédé Zèbre qui les attend. On se promet de se donner des nouvelles en partageant les formidables déjeuners qui préparent l’équipe logistique de Water is Memory, on salive déjà en remerciant Christine et Stéphane et tout de suite on se met au travail.

Il faut reprendre la trame de la performance donnée en février dernier devant des parents d’élèves pour cette nouvelle performance à jouer. On reprend les papiers, on rouvre les classeurs, on reprend les pas de danse, ou rouvre les mémoires.

Dès l’après-midi, on arpente le gymnase du Collège St Joseph et une trentaine de collégiens, de lycéens, commencent les exercices. On redit des textes, on rechante des chansons.

Toute l’équipe, réunie sous la direction artistique de Fabrice Dubusset travaille à Vichy à construire une performance unique, entre l’eau de la Fontaine de la Poste et le feu d’un autodafé théâtral. Déjà, alors que nous essayons les pas de danse dans la fontaine joyeuse, les contrôles se multiplient. La Police municipale veille et passe, juste comme ça.

Rendez-vous samedi 13 mai à 21h13, pour la mise à feu, Place Charles de Gaulle à Vichy !

Un incendie, c’est une folie qui brûle
Un ascenseur, un vertige infini.

Une messe se passe avec un esprit,
Un conte se raconte en parlant,
Des fautes sont un accident.

Un incendie a de l’espace pour brûler
Un étranger, c’est un esprit.
C’est une lumière étrangère.

  • Poésie collective, Collège St Joseph de Cusset. Février 2023.

Du 12 au 16 avril, où vont les oiseaux qu’on libère ? à Brescia !

Du 12 au 16 avril, l’équipe de Miroir d’eau s’est réunie à Brescia pour la première présentation publique du projet dans le cadre de l’année Brescia-Bergame, Capitale italienne de la culture 2023. De cette semaine de travail, une performance est née : Où vont les oiseaux qu’on libère ?

Ensemble, 8 jeunes accompagnés par la Compagnie Lelastiko, 5 personnes âgées, et 7 artistes français, lombards et bosniens se sont engagés dans un processus de recherche et de création collaboratif.

« Nous avons présenté 4 fois la performance, pour un nombre de spectateurs entre 17 et 20 chaque fois dans le couloir étriqué et donc forcément limitant du Bunkervik, un ancien bunker anti-aérien de la ville. Donc, donc 75-80 personnes ont plongé au cœur d’un vestige de violence pour découvrir notre poésie.
C’est beau, non ?

Nous avons fait appel, en plus de notre équipe de vingt personnes à un technicien pour les lumières, un videomaker, un photographe officiel, et à un scénographe.

Deux ou trois volontaires étaient chargés à chaque performance d’accueillir et d’accompagner le public. Trois autres membres de Lelastiko se sont engagés sur le projet : Giulia Imberti, Davide Sforzini et Federica Scolari.

Nous avons répété au minimum cinq heures par jour, et parfois plus. Nous avons joué de 15h jusqu’à 22h le dimanche, et maintenant on peut voir une trace de cette performance sur le site de la Capitale italienne de la culture : ICI. C’est une fierté, un peu. » Marina Rossi – Chorégraphe et directrice de Lelastiko.

« Comment des artistes professionnels peuvent jouer à égalité avec des amateurs ?

En tant que professionnels, nous avons une connaissance de nous-même et une multitude d’expériences de spectacles, qui nous permettent d’être efficaces pour donner le meilleur de nous-même en peu de temps. En bref, nous savons « travailler ».

Cependant, ce que les amateurs ont d’absolument égal aux professionnels, ce sont la sensibilité et le désir de l’exprimer. Je voudrais donner un exemple qui m’a particulièrement touchée lors de notre performance au Bunkervic.

J’ai remplacé une danseuse de 75 ans, absente lors d’une répétition. J’étais en duo avec Anna, personne également âgée. Mes gestes étaient simples, mais précis, car exécutés avec une conscience aiguë. Nous traversions le couloir bras dessus, bras dessous, elle faisait des petits pas courageux, regardant loin devant, c’est à dire vers l’avenir ; je regardais son visage et faisais le geste de recueillir parfois ses larmes, que je dispersais, d’un mouvement ample de bras sur le côté, vers les bancs des spectateurs. Anna émue, avait de réelles larmes. L’image que nous produisions la transportait elle-même. « Je me suis mise à penser » m’a t-elle dit. Alors que nous ne faisions « que » marcher. » Frédérique Mille – danseuse, comédienne et membre de Procédé Zèbre.

Deuxième réunion transnationale

Les samedi 4 et dimanche 5 mars, l’équipe du projet Miroir d’eau – Water Mirror s’est réunie en comité resserré à Vichy pour deux jours de travaux autour de l’évolution du projet.

Il nous faut du silence pour les plus engagés. Du silence, il est le défi des forts.

Au programme de cette rencontre, et au-delà des aspects organisationnels du projet, nous avions convenu d’échanger sur les enseignements tirés de la seconde phase du projet qui a couverts le premier bimestre 2023. Quelles certitudes avons-nous acquises dans le travail avec un groupe de public amateur ?

Si le groupe est grand, il faut penser des places centrales et périphériques, il faut penser des demi-espaces, des demi-groupes, une répartition des charges et du temps.

Nous sommes en particulier revenus sur la dernière semaine de travail et sur notre capacité à travailler avec un large groupe d’élèves non volontaires, dans le cadre d’un programme de coopération scolaire.

Il faut écouter l’énergie de chacun. Il faut aussi proposer des postes d’observateurs silencieux, de rédacteurs pourquoi pas ?, de documentaristes, de public avant l’heure du spectacle. Il faut penser des participations multiples !

Nous avons conclu deux jours de travaux par un atelier d’écriture donc voici quelques résultats.

Enfants choux, enfants oiseaux, enfants seaux, enfants livres, enfants libres… la géographie de l’espace, de l’exotisme dans le mouvement – stop and go. Google nappe les sentiments, l’émotion et donne le vertige des feux qui brûlent sur la map. Un troupeau en grappe verticale.
Remettre les mains dans la terre, danser en vol au-dessus des cendres. Sous les manteaux circulent des mots, des phrases, des joies et des peurs. Ils ont installé des loupes géantes pour que le soleil brûle nos pensées, mais les cigognes ont décidé d’emmener des seaux pour éteindre l’incendie.

Une semaine à faire passer des seaux d’eau

Après une semaine à faire passer des seaux d’eau, à cacher les livres interdits et à éteindre les feux qui naissaient au détour de tous les exercices proposés par Nusmir Muharemovic, Marina Rossi et Fabrice Dubusset, les élèves de cinquième ont partagé leur semaine en une création unique, présentée devant des parents d’élèves, les membres de la compagnie, les amis, et les soutiens de toujours.

La Montagne, journal quotidien était là pour couvrir l’événement.

Ainsi, une maman a dit « C’était formidable ! », une autre « Nous reviendrons ! ». Julia, élève du lycée ayant travaillé avec Marina Rossi lors d’un stage à Brescia en 2022 s’est exclamé « Moi aussi je veux retourner en cinquième pour continuer le travail avec Marina ! En plus j’aurais de meilleures notes ! ».

Pour conclure la semaine, les élèves et leurs parents avaient amené de quoi partager : bouteilles de boissons sucrées, gâteau marbré fait maison, tarte aux pommes faite maison, ou gâteau au yaourt… fait maison !

Valentine a dit « Le Gâteau, ce n’est pas moi qui l’ai fait, mais j’ai surveillé qu’on suive bien la recette. » Tous les membres de Studio Teatar, Lelastiko et Procédé Zèbre ont trouvé que la recette avait été parfaitement suivie, et se sont accordés pour que le Papa de Valentine, qui avait très bien suivi la recette, intègre l’équipe lors du prochain temps de travail en mai, en préparation de l’ouverture de Water is Memory – 8e édition.

De cette semaine, nous tirons des enseignements nombreux parmi lesquels l’importance du silence dans le travail de groupe, l’idée que l’énergie ne se commande pas et qu’il faut trouver une place pour ceux qui ne la concentrent pas sur le théâtre, qu’il est possible de travailler avec un grand, très grand même, groupe de jeunes élèves.

Merci à tous les amis de notre consortium pour le soutien et l’énergie, merci à l’équipe pédagogique du Collège St Joseph, Madame la Directrice, Carole, Catherine et Brigitte.

Toute l’équipe remercie enfin chaleureusement Christine et Stéphane pour leur dévouement, leur énergie, leur sauce salade, leurs pizzas formidables, leur curry façon thaï et leurs sourires. Merci, infiniment merci.

 

Crédit photos : Davide Bonnetti

Qu’est-ce que c’est un livre qui brûle ? Que sont flammes et pages ? 

Mardi après-midi, dans une petite salle sous les arches, on déplace les tables pour que tout le monde puisse se voir. C’est un rectangle mobilier dans la salle. La petite clé et son porte-clé bleu pendent dans la serrure. On écrit autour du mot autodafé. Tout de suite une petite voix, Qu’est-ce que c’est un autodafé ?. On pense ensemble, on réfléchit. Qu’est-ce que c’est un autodafé ? Et un incendie ? Et un livre qui brûle ? Seul ou en tas ? Ça change quoi ?

Qu’est-ce que c’est un livre qui brûle ?

C’est un animal sauvage.

C’est impossible.

C’est le soir, assez tard.

C’est une chemise sombre.

C’est la somme des couleurs désagréables.

 

Qu’est-ce que c’est un livre qui brûle ?

Une personne sans haine.

Un objet qui nous chauffe.

Un objet sur lequel on peut lire une fleur.

Un objet qu’on offre quand on aime quelqu’un.

Un livre, ravagé.

 

Qu’est-ce que c’est un livre qui brûle ?

C’est un monde sublime.

C’est un McDo.

C’est une blague, ou un lave-linge.

C’est une personne moche.

C’est une personne invisible.

C’est une maison.

C’est une mère.

 

Qu’est-ce que c’est un livre qui brûle ?

C’est un acte de protestation.

C’est une chèvre à trois pattes.

C’est joli, surtout la nuit.

C’est un élève qui dit toujours non.

C’est être aussi serré que des stylos dans une trousse.

C’est beau.

 

Qu’est-ce que c’est un livre qui brûle ?

Des mots, qui brûlent.

Des cendres, qui volent au vent.

Des morceaux de papier, où on peut imaginer la page complète.

La souffrance des couvertures, qui essayent de résister au feu et de protéger les pages.

 

Qu’est-ce que c’est un livre qui brûle ?

C’est un livre en moins et du feu en plus, dans la cheminée.

C’est la folie.

C’est une maison.

C’est une prison.

C’est le soleil. Il brûle.

C’est une fleur.

 

Qu’est-ce que c’est un livre qui brûle ?

C’est un animal câlin.

C’est flou et liquide.

C’est dur et bizarre.

C’est un papier blanc.

 

Qu’est-ce que c’est un livre qui brûle ?

C’est de l’art !

Et qu’est-ce que c’est l’art ?

C’est une table.

 

Qu’est-ce que c’est l’art ?

C’est déposé dans un endroit enflammé, en train de se calciner.

Ça rend les gens agités.

C’est une chose qui porte les objets du quotidien.

C’est un ensemble d’objets qui ont le même principe technique qui répondent aux mêmes besoins.

C’est une chose qui permet de fermer les portes.

 

Qu’est-ce que c’est un livre qui brûle ?

Ce sont des gens qui ont décidé de ce qui est écrit dans le livre.

C’est un ordre de le brûler.

C’est, par exemple, Alice au pays des merveilles en Russie.

 

Qu’est-ce que c’est un livre qui brûle ?

C’est une personne qui ne t’aime pas mais qui ne peut pas te voir.

Ce sont des chiens.

C’est la laideur.

C’est Dubaï.

Ça ne sert à rien.

Ça te gâche la vie.

 

Qu’est-ce que c’est un livre qui brûle ?

C’est un ouvrage qui part en cendres.

C’est un objet qui sert à poser quelque chose dessus.

Ce sont plein de morceaux de papier.

C’est un animal mythique ayant deux cornes.

C’est un handicap.

 

Qu’est-ce que c’est un livre qui brûle ?

Une sœur. Un fermier.

Un nuage. Un fou.

Un chat. Un voleur.

– écriture collective. Mardi 28 février, Cusset, Collège St Joseph.

Les livres bruleront-ils ? // Troisième atelier d’expérimentation pédagogique.

Du 27 février au 3 mars, l’équipe de Miroir d’eau – Water Mirror travaille avec des jeunes collège St Joseph de Cusset et leurs professeurs pour mettre en place une performance à Vichy.

Au premier jour, les trois équipes se réunissent pour consolider les acquis d’expérience de tout le travail achevé jusque-là. L’après-midi, tous se découvrent avec des exercices d’échauffement, de mise en commun, d’échange, de confiance.

On rit, on se demande si 45 personnes peuvent passer dans le rond central d’un terrain de basket, alors on essaie. C’est large. On pourrait être plus nombreux. On supporte la densité. Ce n’est pas si dur.

Toute cette semaine et le travail à venir en Bourbonnais est tourné vers le symbole des livres brûlés. Qui sont les auteurs interdits ? Où et quand ? Qu’évoque un livre qui brûle aux jeunesses européennes ? Est-ce qu’on a le souvenir des tas de livres brulés sous les chants de haine, quand on a treize ans ?

On parle, on se question et on cherche.

Premiers enseignements : Lewis Caroll et son Alice ont été interdits. Les Fleurs du mal de Baudelaire aussi. Sherlock Holmes, Le Seigneur des anneaux, Harry Potter, Anna Politkovskaïa. Stefan Zweig aussi, évidemment.

« J’ai dû être le témoin impuissant et sans défense de l’inimaginable régression de l’humanité à un état de barbarie qu’on croyait oublié depuis longtemps. Aujourd’hui encore, nous sommes de nouveau à un tournant, une conclusion et un nouveau début. Mais si ce témoignage permet de sauver des décombres ne fût-ce qu’une parcelle de vérité, et de la transmettre ainsi à la génération qui nous suit, nous n’aurons pas œuvré en pure perte. »  Stefan Zweig – Le Monde d’hier, souvenirs d’un Européen.

Ils nous rassemblent. Sans doute, ils nous ressemblent aussi. Un peu.

Bosnie – Février 2023 // Témoignages

Du 13 au 17 février 2023, des jeunes bosniens ont réfléchi à une question simple : « To stay, or to go ? », Partir ou rester ?

Ils ont joué devant leurs familles, les amis de la compagnie Studio Teatar et l’équipe pédagogique du Katolički školski centar Sv. Pavao de Zenica. Voici quelques témoignages des participants.

For me, 5 beautiful days. I enjoyed every moment and I liked all the exercises we did. It was nice and fun and I’m looking forward to work with you again. You are great and thanks to all. See you soon.

Za mene, 5 predivnih dana. Uživala sam u svakom trenutku i svidjele su mi se sve vježbe koje smo radili. Bilo je lijepo i zabavno i radujem se ponovnom radu i druženju sa vama. Divni ste i hvala vam svima. Vidimo se uskoro.

I learned a lot of new things. How to express emotions, for example. I thought I wouldn’t like it, but I did. Every day was interesting. I would like to continue with this project and I hope I will use the things I have learned.

Naučila sam dosta novih stvari. Naprimjer, kako izrazoti emocije. Mislila sam da mi se sve ovo neće svdijeti ali jeste. Svaki dan je bio zanimljiv. Voljela bih da nastavimo sa ovim projektom i nadam se da ću uspjeti primijeniti stvari koje sam naučila.

 

 

– new, – curious, – interesting, – calming, – fun, – fluid, – connection, – timing, – awareness, – space, – territory, – push, – pull, – trust, – advice, – improvise, – sounds, – vocals, – home, – improvement, – experience, – limits, – concentration.

These past few days, I felt more connected with my body, knowing my limits and pushing them.

 

 

Day 1

Lots of new faces.

Some looked nice, some ferocious.

I couldn’t stay for long but

I was excited for the next day to come.

 

Day 2

This time, I was late.

I couldn’t hide my shame.

Yet, when we started to

Play, pretend, everything

Turned out okay.

 

Day 3

Now I know everyone.

Name, their voices aren’t the same

But when everyone started to

Sing, I think we made an

Amazing melody.

 

Day 4

Today we push and pull

Our hearts and moves, combined.

Dancing isn’t really my

Forte, still I happily learned

Faster than you can say “One L b’”.

 

Day 5

All we learned become

An act, one where we could

All enact, everything we learned

So far – thinking of it makes me laugh.

 

 

  1. Day – Funny day, everything was really good except one thing. I did not like ninja the same because I lost against Nusmir in Final round.
  2. Day – A lot of good exercise and a new knowledge. Zlatan is a master of art.
  3. Day – Some really good exercise but Christophe’s rhythm exercise was really hard for me. But I like Christophe, so it doesn’t really matter. One of the most famous songs in my country.
  4. Day – Hard! (For me) but the passion from Fred, Fra and Marina impress me. I really love it. I know I am a bad dancer but I was giving my best!
  5. Day – Proud !

I am really happy because I spent my time with young people. People who are ready to make changes, people who are ready to talk about problems. If we tell our story correctly to just one person, we will be able to say we did a good job. Let the journey continue.

 

 

These four days, while I was here, were my escape from reality. All the problems, worries, responsibilities, have gone away while hanging out and working with all different and special friends. I’m so glad that I’ve decided to join. Maybe today is just a fifth day of the workshop, but after a week or two, while I’m sitting in class or studying at home, etc… I’ll remember all exercises we did together. I like trust games, Zlaya’s relaxing imagination, the dance choreography, poem, song we sang together, true and the dancer., and them I will probably smile and use them sometimes later in life, while working, hanging out with other groups.

Today, I am also really emotional. We showed people that in short time we can have a great performance with such a deep message.

None of us knows where are we going to be in a few months, or years, but I am sure I will remember all of you and you will all have a special place in my memory. Love.

 

 

Une nation c’est incertain.

Je me demande à partir de quand elle disparaît et à partir de quand elle vaut la peine qu’on s’inquiète pour elle.

Est-ce que ce ne sont pas les gens qui priment ? et leur trajectoire ? Serait-elle individuelle ?

 

Nous sommes sortis de Bosnie, lentement.

Tout doucement. Ne nous attendaient que des carreaux de carrelage fatigués.

Comme une condamnation à les nettoyer.

Et si c’était ça qui attendait ceux qui fuient ? Ceux qui partent sans regarder le foyer de leurs pères ?

Du carrelage froid ?

Ou peut-être notre temps ?

Ou peut-être est-ce la course effrénée de ceux qui n’y croient plus ?

Et s’il fallait croire en quelque chose pour s’arrêter quelque part ?

 

Nous avons appris que

Toute question individuelle est aussi collective.

L’intime et le politique s’emmêlent toujours.

Je veux découvrir et voir et apprendre et

Danser dans toutes les langues.

Autant que je veux que ma terre reste mienne quand j’y reviens.

 

Pourtant les hommes ne sont-ils pas dangereux pour mes forêts bien aimées ?

Les hommes ne sont-ils pas dangereux pour les arbres ?

Ne devrions-nous pas partir ?

Ne devrions-nous pas, tous, partir, pour sauver

Ce qui a fait de nous ce que nous sommes ?

Ce qui nous fait tenir ne sera jamais

Autre chose que les histoires qu’on raconte aux enfants le soir.

Il faudra bien continuer à les écrire,

A les raconter et à les danser.

C’est pour ça que nous sommes revenus.

 

C’est pour ça que nous avons raison nous inquiéter.

Si tous partent,

Si tous les grands s’en vont,

Qui nourrira les rêves ?

 

A nation is uncertain.

I wonder when it disappears and when it is worth worrying about.

Isn’t it the people who come first? And their trajectory? Would it be individual?

 

We came out of Bosnia, slowly.

Very slowly. Only tired tiles were waiting for us.

Like a condemnation to clean them.

What if this is what awaits those who flee? Those who leave without looking at their fathers’ home?

Cold tiles?

Or maybe our time?

Or maybe it’s the frantic race of those who no longer believe?

What if you have to believe in something to stop somewhere?

 

We have learned that every individual question is also collective.

The intimate and the political are always intertwined.

I want to discover and see and learn and dance in all languages.

As much as I want my land to remain mine when I return to it.

 

Yet aren’t men dangerous to my beloved forests?

Aren’t men dangerous for the trees?

Shouldn’t we leave?

Shouldn’t we all leave, to save what has made us what we are?

What makes us what we are will never be anything more than the stories we tell our children at night.

We must continue to write them,

To tell them and to dance them.

That’s why we came back.

 

That’s why we have reason to worry.

If all leave,

If all the great ones leave,

Who will feed the dreams?

Crédit photo : Davide Bonnetti.